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La rumeur les dit fâchés. Mais Mathieu Kassovitz nous a assuré que s’il n’assurait pas la promo du film de Cédric Kahn, c’est qu’il était trop pris par ailleurs – par la sortie imminente d’Un illustre inconnu et le tournage du Bureau des légendes, une série d’Eric Rochant pour Canal +. Peu importe, de toute façon, puisque l’essentiel est sur l’écran : dans Vie sauvage, l’auteur de La Haine livre l’une de ses meilleures perfs, via un rôle de rebelle marginal dans lequel il a forcément mis beaucoup de lui-même. Cédric Kahn nous explique pourquoi Kasso était « l’homme de la situation ».Je n’ai pas pu m’empêcher de regarder Vie Sauvage comme un film sur Mathieu KassovitzJe ne me le suis pas dit comme ça, parce que l’important pour moi, c’était l’histoire que je voulais raconter, mais il y a effectivement des accointances évidentes entre lui et le personnage. La radicalité, la force de conviction, le côté antisystème… Après, il ne faut pas exagérer non plus : Kassovitz n’est pas un réalisateur marginal, il fait des films dans le système. L’Ordre et la morale, par exemple, n’était pas un petit film.C’est sûr, mais ses colères contre l’industrie le placent inexorablement à la marge. Tous les deux, vous parliez de l’état du cinéma français sur le tournage de Vie Sauvage ?Non. Je ne suis pas l’incarnation du système, moi, donc je ne me sens pas visé par ses attaques. Et puis, sur le tournage, ce n’est pas vraiment envisageable d’avoir ce genre de conversations. Il est acteur dans mon film, on ne peut pas avoir un rapport de collègues réalisateurs. Je n’engage pas des comédiens pour réfléchir à leur filmo ou leur position dans l’industrie.Pour vous, c’était un choix évident dès le début ? C’était Kassovitz ou rien ?J’ai toujours été persuadé qu’il était l’homme de la situation. Et je le pense encore aujourd’hui. Mais comme il avait déjà refusé plusieurs rôles que je lui avais proposés par le passé, je n’ai pas tenté le coup dans un premier temps. Pourtant, peu de temps avant le tournage, comme je ne trouvais personne d’autre, j’ai fini par le solliciter et il a dit oui tout de suite. Il s’est immédiatement identifié au personnage. Sur le tournage, il était complètement habité. Ce n’est pas un acteur qui compose, il cherche la vérité de son personnage et il le fait avec les tripes. Tout va très vite avec lui, c’est un acteur de première prise, très instinctif. Tant mieux parce que c’est ce que je recherche en tant que réalisateur : que la rencontre entre l’acteur et le personnage soit électrique.Il est génial dans le film. On réalise à quel point c’est un acteur sous-employé…C’est lui qui fait le choix d’être sous-employé. S’il le voulait, il pourrait ne faire que ça du début à la fin de l’année. Mais justement, sa rareté fait aussi partie de ce qui nous séduit chez lui. Il n’est pas usé. On ne peut pas dire ça de tous les acteurs français…Interview Frédéric FoubertVie sauvage de Cédric Kahn avec Mathieu Kassovitz et Céline Sallette est déjà dans les salles