La projection de Neon demon a divisé les festivaliers et provoqué un concert de sifflets. L'intransigeant Nicolas Winding Refn fait mine de s'en réjouir.
Comment avez-vous reçu les réactions hostiles lors de la projection ?
Rock'n roll, baby. J'aime le chaos. C'est ce qui me fait vibrer. C'est à l'origine de la créativité. Ca parle à l'égo du créateur dont le but est de pénétrer l'esprit. C'est Dali, Picasso, les Ramones, les Sex pistols. Quand j'ai croisé Iggy Pop l'autre soir, voilà ce que j'ai pensé : "Search and destroy! Passez-moi la torche !"
On a l'impresssion que c'est vous qui parlez à travers le discours d'un des photographes du film. Il dit que la beauté est naturelle. Or, les images que vous créez reposent sur des artifices. Comment acceptez-vous cette contradiction.
J'y vais à l'instinct. J'ai toujours tourné dans l'ordre chronologique, avec l'idée que plus c'est instinctif, plus c'est clair et vrai. Je ne fais pas de storyboards, je ne planifie pas à l'avance, sauf en cas de scènes d'action, parce que c'est très technique, mais je n'aime pas ça. Autrement, j'arrive sur le plateau et je décide ce que je voudrais voir. Ca peut affecter l'histoire, et la suite du tournage, mais les choses se révèlent sur le moment. C'est pour ça que je préfère opérer la caméra moi-même.
Cest la seconde fois que vous filmez Los Angeles, mais vous la montrez sous un jour assez négatif. Vous avez un compte à régler avec la ville?
Je suis retourné à LA pour la seule et unique raison que c'est le seul endroit où Liz (sa femme) voulait aller. Mais j'adore la ville, parce qu'elle a tant de facettes à découvrir. C'est un réservoir inépuisable de mythologie parce que c'est un univers totalement artificiel, construit sur le désert. La mort et les rêves y sont présents à parts égales et se mêlent constamment. C'était l'endroit idéal pour créer Hollywood.
On pense à Mulholland drive pour le parcours initiatique que suit le personnage d'Elle Fanning.
Les deux films font appel à une partie de la pop culture qui nous est très familière, c'est presque un genre en soi: la virginité qui débarque dans la grande ville avec des rêves de réussite. Ca remonte aux contes de fées comme Cendrillon ou Blanche-neige, et c'est toujours centré sur les femmes. Au cinéma, ça a donné All about Eve, Sunset boulevard, Une étoile est née.
De quelle liberté disposiez-vous ?
La même que pour tous mes autres films. Je me suis promis de ne jamais tourner sans une liberté totale. C'est la seule exigence inconditionnelle que je me fais à moi-même. Je réalise chacun de mes films comme si c'était le dernier. C'est la seule chose que personne ne pourra jamais me retirer.
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