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50 ans. 51 filles dans son lit. 220 morts. Et... 2 Oscars. Le pedigree de l’agent 007 est impressionnant quand on parle sexe ou quand on compte les points de son permis de tuer, mais si on parle Academy Awards, c’est la bérézina. Vu les critiques délirantes et l’enthousiasme public, Skyfall pourrait faire la différence cette année. Sérieusement ?2 Oscars en 50 ansDepuis 50 ans, la franchise Bond n’a donc gagné que 2 Oscars. Goldfinger a raflé celui du meilleur son en 1965 et, un an plus tard, Opération Tonnerre repartait avec le prix des meilleurs Effets spéciaux. Depuis... plus rien. Il y a bien eu quelques nominations - pour les chansons, le son ou les effets spéciaux - mais rien de sérieux. Pire, aucun Bond n’est apparu dans les nominations des Oscars depuis Rien que pour vos yeux. En 1982. Scandale ? Honnêtement, vu la qualité des derniers Roger Moore et des deux Timothy Dalton, on comprend le relatif mépris de l’Academie pour une série qui sombrait dans le camp pathétique ou le blockbuster shakespearien gavant. Mais il y a l’énigme Casino Royale. En 2006, le reboot de la franchise devenait un énorme succès critique et publique. Face à The Queen, le film de Martin Campbell repartait avec deux BAFTA et récoltait une pluie de nominations dans toutes les compétitions pré-Oscars (BSC, ACE...). Pourtant, l’Académie ne lui accorda aucune nomination cette année-là. Et on pouvait partager les interrogations de la productrice Barbara Broccoli : “je ne comprend pas ce mépris. Parce que finalement, les films de la série ont fait avancer le cinéma”. Peut-être pas tous, Barbara, mais celui-là clairement.  Pourtant, si l’Académie a snobé le Commander, c’est moins à cause d’une aversion contre 007 que contre les blockbusters en général.Jackson, Nolan et Cameron à la rescousseHeureusement, depuis deux ans les Oscars vivent une petite révolution. Il leur aura fallu du temps, mais après le hold up du Retour du roi (11 Oscars), les films de Nolan et Cameron ont fait comprendre aux votants qu’on pouvait faire du gros et grand spectacle avec une bonne dose d’intelligence. Et de cinéma. La cérémonie de 2009 qui avait snobé le Dark Knight avait provoqué un séisme dans l’industrie, la plupart des analystes ne comprenant pas comment le film de Chris Nolan, sommet d’esthétisme racé (un film sur la lumière et l’ombre), mélange de réflexions sociale (TDK interroge finalement les pulsions d’anarchie de la société) et de métacinéma (un blockbuster à la Michael Mann), avait pu être zappé aussi facilement. Depuis, comme dans un réflexe de défense, les tentpoles hollywoodiens - comme Avatar ou Inception - ont désormais gagné leur ticket d’entrée pour le Kodak Theater. Et c’est là que Skyfall intervient. Avec plusieurs atouts en main.Plus qu’un Bond, un vrai film.Récemment, le film a été projeté aux membres de l’Académie et aurait fait un beau carton. Normal : au fond, plus qu’un Bond, Skyfall est d’abord un vrai film. Réalisé par Sam Mendes, le 23ème James Bond réaffirme à chaque plan sa solennité, son angle, son concept (un Bond avec un vrai humain pour héros). Le film a beau suivre toutes les recettes de la saga (la DB5, le pré-générique qui envoie), c’est surtout un puissant mélo doublé d’une exploration de la psyché du Commander. De quoi séduire l’aréopage des Oscars moins féru de Michael Bay que de pépite indé. Et puis on a fait l’addition. Réalisé par Sam Mendes (un Oscar pour American Beauty), interprété par 4 acteurs oscarisés (Judi Dench, Javier Bardem, Albert Finney et Ralph Fiennes), tous vraiment spectaculaires, on se dit que cette fois, c’est la bonne. Si on rajoute la photo de Roger Deakins (3 BAFTA et 6 nominations aux Oscars), la musique de Thomas Newman (10 nominations), plus Oscar friendly, tu meurs. Maintenant, la route aux Oscars n’est pas pavée que de roses (ou de filles en bikini). D’abord le nombre de candidats potentiels est longue comme le bras. Et pas sûr qu'après les nominations de - au hasard - Argo, The Master, Hitchcock, Les Misérables, il reste de la place pour Skyfall. Et puis, dans la catégorie blockbuster, il devra boxer contre The Dark Knight Rises ou peut-être Le Hobbit. Des concurrents qu’on ne balaie pas d’un revers de la main. Mais vu les récents fiasco de Bond aux Oscars, une nomination pour Skyfall serait déjà un triomphe. Après 50 ans d’existence, 007 vient finalement de rencontrer sa pire némésis : l'Académie. Rendez-vous le 10 janvier pour les nominations.Pierre Lunn