Atypique, le réalisateur de Traitement de choc et des Chiens est mort hier, à 85 ans.
C’est un cinéaste discret qui vient de s’éteindre dont les moins de quarante ans n’ont sans doute pas beaucoup entendu parler -d’autant moins que ses films les plus hardcore ne bénéficient pas de rediffusions télé régulières. Pourtant, dans les année 70, Alain Jessua incarnait, avec des gens comme Yves Boisset et Alain Corneau, une relève post-soixante-huitarde énervée : contre le pouvoir, la société du spectacle et de consommation. Ses films, d’une noirceur insondable, décrivent alors des gens malades, corrompus, incapables de se fondre dans un système encore plus vicié qui finit par les engloutir.
Entretien avec Alain Jessua from La Cinémathèque française on Vimeo.
Dans notre hors-série, 100 chefs d’œuvre que vous n’avez pas vus, nous mentionnions notamment Les Chiens, fable d’anticipation cruelle dans laquelle la question de l’insécurité –liée au racisme- était résolue par une armée de chiens dressée pour attaquer les Noirs et les jeunes. « Violent, glauque, à la lisière du fantastique », ce film de genre témoigne du positionnement singulier de Jessua, fasciné par les outcasts, qui tout en se révoltant contre la société profita à fond du système en tournant avec les plus grandes stars (Delon dans Traitement de choc et Armagueddon ; Depardieu dans Les Chiens ; Dewaere dans Paradis pour tous).
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