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Aux antipodes de l'étouffant cinéma hollywoodien qui surcharge le cadre pour ne rien laisser inexpliqué, Dahl utilise avec une liberté réjouissante l'ellipse et le hors-champ, la litote et le contrepoint. L'art d'en montrer moins pour signifier plus.
Toutes les critiques de You Kill Me
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
- Paris Matchpar Christine Haas
Entre pragmatisme et vulnérabilité, Ben Kingsley et Téa Leoni forment un couple délicieusement improbable, soutenus par des dialogues caustiques et des situations incongrues. Des pompes funèbres aux réunions d'Alcooliques anonymes, en passant par la guerre des gangs, leur parcours fait sourire tandis que leurs regards provoquent l'émotion. S'ajoute à cela une surprenante galerie de personnages bien excentriques et voilà de bonnes raisons de ne pas passer à côté de ce film.
- Ellepar Michel Palmiéri
De ce scénario original à l'écriture brillante, John Dahl tire un film drôle et étrangement optimiste. Au terme de cette histoire de morts et de résurrection, une seule certitude, l'absence de jugement dernier. Nous irons tous au paradis.
- Téléramapar Juliette Bénabent
(...) au beau milieu de la comédie burlesque surgissent impromptu des scènes de mafia, avec leur lot de menaces violentes et règlements de comptes sanguinaires. Mais les deux registres alternent sans que l’alchimie opère : on reste bien loin du réjouissant cocktail servi par la série télévisée Les Soprano.
- Le JDDpar Stéphanie Belpêche
Ce film noir signé John Dahl manque de rythme. Et l'âpreté de la mise en scène, qui ne permet aucune empathie peut dérouter. Mais l'originalité du propos donne lieu à une enfilade de situations comiques.
- Le Mondepar Jean-François Rauger
John Dahl s'était fait une petite réputation de rénovateur du film noir avec des titres comme Kill Me Again ou Red Rock West. Son nouveau film introduit des éléments de comédie, mais certaines idées nuisent à la cohérence générale du récit. (...) Constamment entre deux genres, You Kill Me ne parvient pas à se décider pour l'un ou l'autre et transforme des personnages qui auraient pu être attachants en pantins.
- Fluctuat
Cachée derrière ses airs modestes d'oeuvre mineure, You Kill Me dégage un vrai charme qui doit autant au talent de ses comédiens, Ben Kingsley en tête, qu'à la mise en scène de John Dahl. En jouant sur les décalages, celui-ci distille un humour à froid et une émotion, tout en retenue, qui mettent joliment en valeur l'humanité de ses personnages. Séduisant !
- Exprimez-vous sur le forum You Kill MeAu coeur des différentes mafias qui veulent dominer Buffalo, ville frigorifiée de la région des Grands Lacs, le récit de You Kill Me prend d'abord des allures de thriller, au goût de Reservoir Dogs. Glacée et métallique comme un revolver, la jolie photographie sombre, digne des grands classiques du genre, est vite contrebalancée par une petite musique ironique. Celle-ci, à l'unisson de la mise en scène de caïds à l'envergure contestable, donne le ton d'un récit d'autant moins grandiloquent qu'il s'intéresse d'abord aux fêlures intimes, plus qu'à une éventuelle tragédie.De la pègre, on ne retient d'ailleurs que l'aspect familial et solidaire. Ainsi, lorsque Frank (Ben Kingsley), tueur professionnel qui oeuvre pour la mafia polonaise, rate l'exécution d'un chef de gang irlandais, ses amis l'envoient-ils illico à San Francisco... avec l'obligation de s'inscrire aux Alcooliques Anonymes (AA). Fine et fière gâchette qui n'avait jamais connu l'échec, Franck vit mal cette humiliation. Contraint d'écouter les autres, son hésitation est la même que celle du spectateur : ridicules ou pathétiques ces alcoolos bavards auxquels personne ne veut s'identifier ? Difficile de savoir sur quel pied danser...Christopher Markus et Stephen Mcfeely, également scénaristes du remarquable Moi, Peter Sellers, fournissent ici un excellent support à l'expression d'un réalisateur adepte des polars (Last seduction), certes, mais surtout du mélange des genres (Red Rock West). Grâce à un jeu de contrepoids constant, naît un étrange climat déstabilisant. A une image froide répond la chaleur de scènes profondément humaines telle cette hilarante veillée funèbre au fort goût de malt à whisky. A l'omniprésence de la mort (le tueur se fait engager... à la morgue) s'oppose la renaissance d'êtres abîmés. Au premier degré des uns répond l'ironie effrayée d'un héros qui tangue et hésite, peinant à trouver la bonne attitude, la bonne distance.De cette valse-hésitation constante et du refus d'une dramatisation excessive, Dahl fait surgir un charme simple, empreint de modestie, qui souligne l'humanité de personnages improbables mais attachants. Sur la voie de la rédemption, comme souvent chez lui, il y avait pourtant matière à se perdre dans une bluette sentimentalo-dramatique au gré d'un scénario solide mais casse-gueule. Heureusement, l'ironie et la distance de la réalisation sont au diapason du soliste, Ben Kingsley. Son interprétation magistrale, au mutisme sobre (sic) mais expressif, apporte un vrai supplément d'âme auquel il est difficile de rester insensible.
Au final, une rafraîchissante sortie estivale, drôle et légère, qui cache bien sa gravité. You Kill Me
De John Dahl
Avec Ben Kingsley, Téa Leoni, Luke Wilson
Sortie en salles le 25 juillet 2007Illus. © Metropolitan FilmExport
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