Toutes les critiques de Un peuple et son roi

Les critiques de Première

  1. Première
    par Gael Golhen

    En se lançant dans son diptyque révolutionnaire, Pierre Schoeller entendait se débarrasser du folklore et de la signalétique rabattue pour réinstaller la Révolution française à sa place. Un acte fondateur de la pensée politique et de la démocratie. Un pari fou, à l’opposé de tout ce qui avait été fait au cinéma, mais pas si étonnant que ça de la part du réalisateur de L’Exercice de l’État. Soyons francs : le résultat n’est pas totalement à la hauteur de l’ambition. D’abord parce que le film est pensé en deux parties et, qu’à l’heure actuelle, on ne sait toujours pas si le second film verra le jour. Conséquence : certaines silhouettes aperçues dans le tourment des événements s’apprêtent à sortir dans la lumière, hésitent à s’extraire des coulisses mais semblent finalement rester au bord de la route et de leur destin (Garrel/Robespierre est très peu présent par exemple). On a l’impression à l’issue de la projection qu’il manque un sacré bout du film et de l’Histoire. Mais c’est aussi la promesse du titre qui n’est pas complètement réalisée. Un peuple et son roi suit les événements révolutionnaires parisiens de 1789 à la mort de Louis XVI. L’idée de Schoeller était d’observer la relation qui s’établit entre la nation en construction et son roi en train de disparaître. Le monarque est parfaitement caractérisé dans des scènes hyperréalistes ou fantasmatiques magnifiques, mais le peuple semble étrangement absent ou en tout cas un peu flou.

    Inouï
    En refusant d’utiliser des figures symboliques pour donner un corps et une présence à chacun de ses personnages, Schoeller s’expose paradoxalement à ne pas pouvoir les faire exister correctement. On ne comprend pas les motivations de Basile (Gaspard Ulliel, un peu absent), l’histoire de l’Oncle (Gourmet, génial) est trop elliptique, comme celle de Reine (Céline Sallette). Restent des moments inouïs (les discours de l’Assemblée qui vote la mort du roi, les emportements de Marat, les journées d’Octobre, la Bastille qui tombe) et un projet esthétique passionnant (donner à entendre une langue prodigieuse) qui épouse le fracas, l’accident et la chamade révolutionnaire.