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Laisser le kitsch s'autodétruire, pousser le premier degré fifties si lion que le ridicule des situations éclate naturellement. Il s'en dégage un humour étonnamment moderne, presque raffiné, qu'on a normalement autant de chance de trouver dans une comédie française que de mourir écrasé par un distributeur de boissons.(...) Jean Dujardin (...) est phénoménal.
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- Fluctuat
Jouant sur l'imagerie de la série B version fifties, OSS 117 offre un joli rôle à un Jean Dujardin très inspiré. Rien d'exceptionnel, mais une comédie qui a les moyens de ses ambitions, travaille sur les dialogues, donne dans l'absurde et, au final, s'en sort plutôt bien.Ça commence à bord d'un avion, au temps de la Seconde Guerre Mondiale. Hubert Bonisseur de la Bath, qui n'a de distingué que le nom, exerce ses talents d'agent secret contre les nazis. Et hop, un militaire allemand tombe dans le vide. La dent étincelante, Hubert n'en est pas à son coup d'essai : derrière son humour paillard, il n'est autre que le redoutable agent français OSS 117 (Jean Dujardin). Dix ans plus tard, c'est au Caire qu'on l'envoie. La ville n'est pas en mal de complots et les espions y sont légions. Sa mission ? Faire la lumière sur l'étrange disparition de son fidèle collègue Jack Jefferson. Pour ce faire, il bénéficie d'une couverture en or. Il sera co-directeur de la SCEP, autrement dit la Société Cairote d'Elevage de Poulets !Fan du Président René Coty comme d'autres le seraient d'une rock star (il conserve sur son coeur un lot de photographies de son idole et patron), ignare au possible, misogyne, dénué de la moindre intuition, colonialiste, maladroit, homophobe et grossier, OSS 117 est un sacré morceau. Un personnage de comédie absolument savoureux, qui joue la caricature sans traîner du pied, ouvrant la voie à tous les gags. Et ça tombe bien, parce qu'en gros, c'est ce qu'on lui demande. En effet, OSS 117 n'est pas un remake de film d'espionnage (même si le personnage imaginé en 1949 par le romancier Jean Bruce a déjà fait l'objet de 265 romans, de bandes dessinés, de pièces de théâtre et de huit films de genre), mais une totale parodie. Du début à la fin, aucune ambiguïté, tout le monde est là pour rire. Et si le héros est à fond dans le premier degré, le film lui est à prendre au minimum au second. On attendrait d'ailleurs difficilement autre chose des producteurs de People : Jet set 2 et Brice de Nice (avec déjà, est-il besoin de le préciser, Dujardin) et d'un réalisateur (Michel Hazanavicius) qui a travaillé avec les Nuls et signé les scénarios du Grand Détournement (diffusé par Canal+) et de Delphine 1, Yvan 0.Un gars, deux filles Dans ce rôle aux faux airs de Sean Connery, Jean Dujardin est parfait. Il sort des énormités avec un ton bon enfant, enchaîne les bourdes avec le sourire, fait preuve d'une souplesse rare dans le levé de sourcil. L'acteur fournit un joli travail sur la gestuelle, la posture, l'expressivité de son personnage, et parvient à mêler le côté « crooner » à une approche « cartoonesque » selon un dosage bien inspiré. Au final, il porte en grande partie le film sur ses épaules bien bâties. Bon choix de casting donc, et bravo au comédien. Dommage que, face à lui, les actrices soient moins en forme. Bérénice Bejo n'est « glamour » qu'à 70%, là où il aurait fallu un bon 200%, et Aure Atika a la verve un peu trop débordante. Dans leurs bouches, les dialogues ne sonnent pas toujours justes, et elles peinent à imposer leur crédibilité entre les poses de femme de tête, de beauté fatale et de potiche.Le Caire en Technicolor Côté déco, on est en plein dans le Caire de 1955, ou plutôt des séries B de l'époque. Et là, aucun faux pas. Le jeu sur les codes des réalisations est au point. Le Technicolor apporte le grain qu'il faut, les costumes et décors sont précis, le tout est kitsch à souhait. L'atmosphère des films d'espionnage à l'ancienne est donc habilement pastichée, ce qui permet à la parodie de fonctionner à plein. En prime, le film s'offre un irrésistible petit côté politico-provoc' sur des questions piquantes (Islam, machisme, colonialisme...), avec notamment le passage à la moulinette de toute une série de clichés sur le monde arabo-musulman (« arabo quoi ? », s'interroge notre agent secret) qui sont prétextes aux plus belles passes humoristiques du film.Alors non, James Bond n'a pas trouvé son successeur dans l'Hexagone, Austin Powers non plus, mais OSS 117 laisse émerger une sorte de nouveau héros franchouillard qui puise juste ce qu'il faut dans les deux précédents. On ne l'aurait peut-être pas apprécié sur deux heures, mais le film ne durant qu'un peu plus d'une heure trente, ça passe plutôt bien. Juste le temps pour que la comédie parvienne à nous faire rire, sans tirer trop vers le jaune. OSS 117 - Le Caire, nid d'espions Un film de Michel Hazanavicius France, 2006 - 1h39 Avec : Jean Dujardin, Bérénice Bejo, , , Constantin Alexandrov, Said Amadis, Laurent Bateau, Eric Prat Sortie en salles : 19 avril 2006[Illustrations : © Gaumont Columbia Tristar Films]Sur Ecrans : - La bande-annonce du film- Lire la critique d'OSS 117 : Rio ne répond plus