Toutes les critiques de Les Étendues imaginaires

Les critiques de Première

  1. Première
    par Thomas Baurez

    Singapour est un mirage. C’est ainsi que l’envisage le jeune réalisateur Siew Hua Yeo, 33 ans, dans ces Étendues imaginaires. Un mirage qui prend d’abord la forme d’un thriller avec la disparition inquiétante sur un chantier d’aménagement du littoral d’un travailleur chinois. Le policier en charge de l’enquête va tenter de suivre les traces du disparu et pénétrer un monde à mille lieues des rutilants quartiers d’affaires, symboles du miracle économique de cette cité-État insulaire devenue une plaque tournante d’une finance mondialisée. Singapour, c’est aussi une ville-dortoir où s’entassent des immigrés venus d’horizons différents, qui essaient de préserver un peu de leur culture entre deux journées de travail harassant. Ce contexte ne sert pas de toile de fond documentaire à l’ensemble mais de trompe-l’oeil sur lequel vont basculer la raison de l’enquêteur et celle du film. Ici, passé et présent s’entrecroisent, le virtuel prend le pas sur un réel préfabriqué, et le couloir d’un cybercafé devient un passage secret vers un espace-temps reconfiguré où s’échappe une profusion de sentiments. Les étendues imaginaires du titre, ce sont aussi et surtout ces bouts de terres que l’homme fait artificiellement surgir de la mer pour grossir les rangs de nouveaux délires immobiliers. Ces mirages et la mise en scène sensuelle les font vibrer de toutes parts pour en révéler la face sombre et tragique.