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Souvent, pour des questions basiques de fabrication, le cinéma court derrière l’actualité et paraît surfer sur des thématiques déjà épuisées par ailleurs. Avec La Croisade, Louis Garrel embrasse pleinement son époque. Sur les conseils avisés – et prophétiques ! – de son ami Jean- Claude Carrière (pour son ultime scénario), il a commencé à imaginer ce film avant l’arrivée de l’arrivée fracassante de Greta Thunberg sur la scène médiatique, et signe donc sans doute la première fiction autour de cette jeunesse qui se bouge pour l’environnement. On y retrouve le trio de L’homme fidèle : le couple formé par Abel et Marianne (qu’il incarne avec Laetitia Casta, une fois encore épatante) et le fils de 13 ans de cette dernière, Joseph (Joseph Engel, toujours aussi génial). Et l’ouverture du film donne le ton, ludique, de ce qui va suivre. Abel et Marianne y découvrent que Joseph a vendu en douce quelques- uns de leurs objets les plus précieux (sacs de luxe, grands crus millésimés…) et investi l’argent récolté dans un projet élaboré avec des centaines d’enfants de son âge pour sauver la planète. Le comique de situation fonctionne à merveille et permet à Garrel de trouver d’emblée la bonne distance pour embrasser un sujet a priori anxiogène. Rien de moralisateur ou de scolaire ici, le ton est à la fantaisie farfelue née tout à la fois de ces adultes confrontés à leurs incohérences et du talent de Garrel à se placer à hauteur d’enfance avec ce mélange de fraîcheur, d’innocence et de certitude qu’ils peuvent change le monde qui les entoure. Tout à la fois léger et profond, ce bonbon acidulé se déguste sans modération.