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Multi primé à Angoulême en 2020, le premier long de Samir Guesmi ressemble à son auteur- acteur par sa force tranquille. Le Ibrahim (Abdel Benhader, une révélation) qui lui donne son titre est un ado sérieux et réservé qui, entraîné par son meilleur pote, petit voleur en herbe, se fait prendre la main dans le sac avec l'obligation de rembourser une télé pour éviter la prison. Une somme que son père va débourser alors qu'elle devait servir à payer la prothèse dentaire indispensable pour devenir serveur, dans la brasserie où il travaille. Inscrit dans une réalité sociale très dardénienne, Ibrahim raconte avant tout une relation père- fils placée sous le sceau de l'incommunicabilité. C'est par la place qu'il laisse aux silences, aux regards qui se détournent, aux rages qui bouillonnent de l'intérieur faute de ne pouvoir exploser qu'il suscite une émotion d'autant plus puissante qu'elle n'est jamais forcée