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Si on croyait avoir définitivement fait le tour du cinéma de guerre dans la jungle, Disco Boy vient déplacer de manière éclatante les frontières du genre. Le quadragénaire Giacomo Abbruzzese apporte en effet sa propre pierre à l’édifice avec ce premier long métrage où un certain Aleksei (Franz Rogowski) quitte la Biélorussie pour Paris et s’engage dans la Légion étrangère. Le jeune homme ira ensuite combattre dans le delta du Niger, où il croisera la route de Jomo (Morr Ndiaye), révolutionnaire en lutte contre les compagnies pétrolières qui détruisent la région. Les âmes et destins de ces deux personnages vont alors fusionner de manière étrange et Aleksei reviendra en France habité par l’esprit de Jomo, qui rêvait de devenir danseur. Pour raconter l’histoire de cette métamorphose et de ce rapprochement inattendu entre des guerriers au départ ennemis, le cinéaste déploie une mise en scène impressionnante de fluidité qui agit comme une chorégraphie continue où les paysages, les sensations et les désirs se fondent et s’enchaînent avec une harmonie ensorcelante. Film sur l’altérité et la rencontre avec des corps étrangers, Disco Boy s’appuie aussi sur une entêtante musique signée Vitalic, maître français de l’électro. Partant en quête de cette grâce musicale et des gestes qui lui sont associés, Aleksei finit par se confondre avec le spectateur du film, qui connaît l’extase et se tient prêt à abandonner la violence du monde pour embrasser l’utopie et le rêve d’une danse ininterrompue.