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Désir(s), de Valérie Grisebach, ou la passion filmée en gros plan et le souffle court... Argument: au fin fond d'un petit village allemand, un serrurier-mécanicien-pompier amoureux de sa femme s'éprend d'une autre et plonge dans le désespoir. Hélàs !
Toutes les critiques de Désir(S)
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Les personnages (joués par des inconnus intenses) se disent le minimum, un peu comme chez Bruno Dumont. Mais, par association de séquences lapidaires, par glissements d'un visage à l'autre, la cinéaste pose la plus cruciale des questions. Dans une vie heureuse et accomplie, pleine donc, où se loge encore le désir, creux nécessaire, force motrice absolue ? Le film montre exactement cela : comment l'incomplétude revient par la fenêtre d'une vie où elle avait été candidement raccompagnée à la porte.
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A l'heure d'une globalisation qui met à mal à la fois l'idée de nation et les classes les plus défavorisées, Désir(s), sans verser pour autant dans une résistance de type réactionnaire, affirme à la fois la pérennité de la tradition culturelle allemande et montre que son peuple en est aujourd'hui le dépositaire. Avec toute la part de langueur et de mélancolie qu'implique le terme de Sehnsucht, qui donne son titre original au film.
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Si la langueur amoureuse implique ici un triangle de personnages ordinaires, leur quête d'absolu renvoie au romantisme de Goethe. Sur un rythme lent, l'observation précise de Valeska Grisebach s'attache à la poésie du quotidien et flirte avec le suicide dans une perspective métaphysique.
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C'est moins le romantisme qui frappe que l'aspect documentaire: filmer une scène de banquet en continu. Montrer que les acteurs ne sont pas maquillés. Tenter d'attraper "la vraie vie" sans qu'elle semble mise en scène. Mais Valeska Grisebach n'est pas Pialat et, si on est désolé pour son héros qui s'embourbe, on est peu ému.