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Difficile d’évoquer ce premier long métrage sans dévoiler ce qui fait sa force. Pour raconter la déportation des Estoniens par Staline durant la Seconde Guerre, Martti Helde a choisi un dispositif unique en son genre : dans toutes les scènes cruelles (des plans séquences archicomposés) qui prolongent la vie heureuse en famille, il a filmé des acteurs figés dans le temps et l’espace. La caméra serpente à travers ces tableaux vivants pour capter un cri étouffé, un baiser, des mains qui se disjoignent… En découle un effet de sidération que la répétition du procédé entame à peine. Rythmée par une voix off citant des extraits de lettres d’ une survivante destinées à son mari, "Crosswind" apparaît comme une grande œuvre plastique doublée d’un témoignage inestimable.
Toutes les critiques de Crosswind : la croisée des vents
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Une flamboyante évocation de la folie humaine. Une révélation.
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On reste bouche bée devant certaines séquences (...) La fascination que distille cette œuvre intensément belle parvient à dénoncer l'horreur et la folie des hommes sans abuser des effets mélodramatiques. Chapeau.
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La puissance d'évocation de ce premier long métrage est incroyable : la scène magnifique où, en Sibérie, un groupe de femmes trime dans un champ boueux ressemble au négatif parfait d'une affiche de propagande soviétique. Avec Martti Helde, la beauté redevient essentielle.
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Ce parti pris stylistique absolument inédit a quelque chose de saisissant, d'étrangement envoûtant, comme une incantation visuelle.
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Le carton final vient parfaire ce dispositif figé dans une entreprise d’auto-congratulation sidérante de prétention.
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Le son, très riche, est travaillé à part, scène par scène, alors que le manque d’argent freine le tournage. Et les lettres d’Erna, lues en voix off, accompagnent les images en noir et blanc, dans un récit plein de pudeur.
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Le dispositif est original, inédit, mais pas entièrement convaincant. Si on comprend l’intention de faire travailler mentalement le spectateur, "Crosswind" n’échappe pas à une certaine préciosité.
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Le film met en scène ces lettres sous formes de tableaux vivants en noir et blanc. Un parti-pris trop conceptuel pour ne pas le figer.
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Son parti pris formel fonctionne et il est impossible de rester indifférent à ces événements. Mais il fonctionne à tel point que le sujet passe au second plan, les lettres d'Erna lues en voix-off se perdant dans la performance technique. Ce qui est loin d'être l'effet escompté. Dommage.
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Solennel, esthétique et limite pompeux, l’effet n’est pas moins saisissant et parfaitement maîtrisé. Rien que pour cette audace, le tout jeune Martti Helde réussit son coup.