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Même écourté depuis sa présentation cannoise controversée, le film en deux épisodes de Steven Soderbergh consacré à Ernesto Guevara ne renie rien de ce qui faisait sa force et son originalité. Car, bien plus qu’à une biographie épique et convenue, c’est à l’une de ces expériences cinématographiques qu’il produit régulièrement entre deux blockbusters faciles (les Ocean’s, par exemple) que le réalisateur nous invite. Là se situe d’ailleurs une bonne part de l’incompréhension qui touche ce film que l’on peut difficilement qualifier de biopic (malgré la composition de Benicio Del Toro). Car le réalisateur se focalise essentiellement sur deux moments absolument symétriques de l’épopée du Che : la guérilla cubaine victorieuse à la fin des années 1950 – qui est au cœur du premier film – et la déroute de la guérilla colombienne, moins d’une décennie plus tard – c’est la trame du second.
Cette structure en miroir, Soderbergh la renforce par ses choix esthétiques et techniques : format large ici, image numérique là ; épisodes spectaculaires d’un côté (la bataille de Santa Clara, qui ouvre les portes de La Havane), impressions d’étouffement de l’autre (les scènes dans la jungle où s’égarent les soldats perdus d’un combat sans horizon). Dès lors, il faut bien se rendre à l’évidence : le destin du Che, réel et/ou mythique, n’est ici qu’un prétexte à une nouvelle expérience de cinéma. Comme la vie de Kafka n’était qu’un argument brillamment utilisé dans le film du même nom. Ce que Soderbergh raconte à travers ce dispositif, aussi élaboré, sur un autre registre, que l’était celui de Traffic, c’est une passion, au sens christique du terme, une ascension et une chute qui finissent pareillement par un triomphe : militaire dans le premier film, posthume dans le second puisque le désastre porte en lui le mythe toujours vivace du Che. Et cela même si certains penseront que Soderbergh est passé à côté de cette icône de la révolution cubaine.
Toutes les critiques de Che, 1re partie : l'Argentin
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Avec un courage artistique conséquent, Steven Soderbergh, cinéaste polymorphe, s'est lancé dans une entreprise qui l'a en partie dépassé, ce qui la rend noble, ce qui la rend belle.