-
Avec A Serious Man, les Coen ouvrent un chapitre nouveau dans leur filmo, offrant un de leurs longs métrages les plus personnels. Et un des plus hermétiques aussi avec son vocabulaire yiddish omniprésent et non sous-titré. La principale qualité du film, qui est de ne rien résoudre, risque aussi de provoquer la perplexité en dépit de fréquents éclairs de génie (par exemple une
prodigieuse séquence d’accident en montage parallèle). Espérons que si les frères poursuivent dans cette voie, ils s’appuient sur un récit plus universel. Ils l’ont peut-être trouvé avec Le Club des policiers yiddish de Michael Chabon, dont ils ont acheté les droits.
Toutes les critiques de A Serious Man
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
-
A Serious Man est un film kabbalistique parce que le gnosticisme sous toutes ses formes est la religion des artistes, dont le précurseur est le Démiurge et dont le précurseur du précurseur est le vrai Dieu. Quand on ouvrira la boîte, le chat sera toujours mort.
-
Leur récit de la condition juive vaut d’ailleurs pour n’importe quelle autre minorité au passé culturel fort et qui entend s’insèrer dans les démocraties contemporaines à l’époque de la globalisation : le bagage culturel dont on hérite est un atout, une richesse, à condition de ne pas le figer en dogme, de savoir s’en délester en le fécondant au contact des mille vents qui soufflent sur une existence. L’identité est une aventure à la fois individuelle et collective, qui se construit et se transforme au long d’une vie, mute d’une génération à l’autre. Tel est le propos fort et sage émis par les Coen dans leur nouvelle comédie tragique. Géniaux, on disait.
-
Après les récents « No Country for Old Men » et « Burn After Reading », Joel et Ethan Coen signent une comédie archipersonnelle ils ont eux-mêmes grandi dans une communauté juive du Minnesota et désespérément drôle. L’accumulation des malheurs qui frappent leur antihéros, la façon quasi sadique dont la mise en scène dévoile l’absurdité du monde, l’humour noir qui parcourt cette fable philosophique, son dénouement abrupt en font une œuvre passionnante. Jamais on n’aurait cru rire autant en apprenant que la vie n’a aucun sens !
-
A Serious Man livre ainsi, pour la première fois de manière aussi explicite, une clé essentielle de l'oeuvre des frères Coen : sa filiation avec la culture juive américaine. (...) Mais c'est aussi bien sa stupéfiante séquence d'ouverture, qui constitue un véritable coup de force dramaturgique : un apologue en noir et blanc, situé en Europe orientale, dialogué en yiddish, et inventé de toutes pièces par les cinéastes, à mi-chemin entre conte traditionnel et film gore. Entre ce prologue fantasmé et l'histoire du martyr Larry Gopnik, c'est bien un monde perdu qui gît dans le raccord. Quitte à renaître en dibbouk persécuteur, pour hanter l'un des plus grands films des frères Coen.
-
Chez les frères Coen, les films se suivent à grande vitesse mais ne se ressemblent pas. Après la splendide noirceur de No country for old men et l’exquise absurdité de Burn after reading, voici une œuvre à nouveau surprenante, une vraie comédie dramatique (terme souvent galvaudé) doublée d’un conte métaphysique qui, impossible de s’y tromper, ne peut être imputable qu’aux auteurs.
-
Le prologue du film, petit conte folklorique yiddish, aboutit à la même impossibilité d'établir jamais une vérité absolue. Et c'est, finalement, à l'affirmation d'une morale d'artiste que l'on assiste. Voire à la naissance de cette morale. En témoigne une scène incroyable où le fils de Larry - forcément identifiable aux frères Coen jeunes - entend, le jour de sa bar-mitsva, et contre toute logique, des paroles de « son » groupe rock psychédélique, Jefferson Airplane, dans la bouche même du rabbin le plus éminent. Le salut est donc d'ordre poétique. La réponse réside dans la fantaisie, la vérité dans les chimères. La consolation est le film lui-même, le plus libre, le plus personnel et le plus émouvant des frères Coen.
-
C'est l'horreur chaque matin mais, quand on voit le film, on ne s'en rend presque pas compte : il y a une mise en scène pour vous faire croire qu'on est enfoncé avec Gopnik dans son pétrin perso, mais contrairement à lui, tout en passant une heure quarante à s'amuser.
-
Sa quête existentielle pataude est un régal d'humour et d'humanité, d'une constante justesse d'écriture.
-
L'ombre du désespoir plane sur cet "homme sérieux" d'une intense drôlerie, qui démontre que ce changement d'air et de registre a fait du bien aux réalisateurs de Burn After Reading. Les frères Coen n'ont pas fini de nous étonner et c'est tant mieux !
-
Malin et ciselé, A Serious Man se présente ainsi comme tragi-comédie où chaque personnage possède son rapport métaphysique aux choses : le frère et sa version perso de la kabbale, le fils dans des voluptés de marijuana, Larry pour qui les mathématiques sont une réponse universelle. Mais pour les Coen, ce petit jeu avec la religion et ses dérivés est surtout une façon d'affirmer qu'à trop chercher du sens, on finit par se perdre devant l'absurde. (...) Toute l'œuvre des Coen et le film tiennent là : dans un rire froid, tragique, mais qui en dit long sur les travers des hommes.
-
Ce concentré du style Coen, d’une liberté et d’une maîtrise sidérantes, dit tout l’air de rien. Oui, la vie n’a pas de sens. Et les frères Coen l’ont trouvé.
-
Histoire simple, humour absurde, maîtrise formelle, beau film.
-
Comme l’indique le titre, les Coen signent ici leur film le plus sérieux: dans sa forme, avec une réalisation quasi ascétique; et dans son fond, avec ses interrogations, un brin dépressif sur la société. Tout en gardant une bonne dose d’absurdité avec son ton désopilant et une galerie de personnages cocasses, en total décalage avec la réalité.
-
Si l'on s'amuse beaucoup, si les situations sont drôles et les gags désopilants, c'est pourtant la compassion pour cet homme sérieux, injustement malmené par la vie, qui prend le dessus. (...) ce film, un de leurs meilleurs, est comme une bonne blague juive, aussi comique que tragique.
-
(...) même avec la pression, les Coen ne déçoivent pas et refont leurs plus beaux gestes techniques, agrémentés d'une vista qu'on ne leur connaissait plus. S'ils finissent pas bouffer la feuille de match, c'est parce qu'ils en font finalement un peu trop dans les crochets et les déviations.
-
Les Frères Coen vont alors le [Larry] torturer encore plus, multipliant ses déboires et l'enfonçant toujours plus dans le désespoir jusqu'à ce qu'il réalise que sa vie est dépourvue de sens. C'est sinistre et hautement déprimant.