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Pour le cinéaste, « farce » signifie que les personnages ne doivent jamais nous surprendre : un enseignant, caricature du Scandinave taciturne, veut oublier sa première épouse, une quadragénaire névropathe, au profit de sa nouvelle fiancée, une demoiselle souriante. Pour donner le change, Kormákur incite chacun à s’agiter. À moins que cette attitude ne découle de la nature dramatique du projet, vaguement inspiré d’Ivanov, la pièce de Tchekhov. Vaguement car la dimension théâtrale se résume ici à un décor quasi unique (une île) et des comédiens livrés au bavardage. Quant à l’ironie slave de ce vaudeville, elle doit plus aux films les moins réussis de Kusturica qu’à l’auteur de La Cerisaie.
Toutes les critiques de White Night Wedding
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Kormakur crée à l'écran une ambiance attachante, entre humour et tendresse, mais, à trop chercher le pittoresque, il enferme ses personnages dans les archétypes et laisse retomber le vent de folie qu'il avait su insuffler.
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Désireux de signer un film proche de Pedro Almodovar et de Woody Allen (vœu pieux), l'auteur de Jar City (2006) a transposé ce récit sur l'île de Flatey, un lieu de villégiature où les ex-baba cool devenus capitalistes achètent des maisons. L'arrière-plan social reste à nos yeux relativement anecdotique, et les dérives comiques nous laissent parfois perplexes.
White Night Wedding est surtout hanté par une angoisse qui nous rappelle que l'Islande n'est pas très loin de la Suède d'Ingmar Bergman. Il s'agit d'abord de l'histoire d'un homme en proie au malaise et à la culpabilité de trahir sa femme. Sa conclusion est noire comme le costume du marié.
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(...) si White Night Wedding tient de la comédie, nous y retrouvons aussi la gravité de Tchékhov : il n’est ici question que de solitude. Personne ne trouve en l’autre réconfort ou compréhension. L’immobilisme gagne chacun et le malaise du héros n’en n’est que l’expression la plus marquante. Autour de lui, la terre s’étire à l’infini ; l’horizon s’étend à perte de vue comme autant de possibles. Et pourtant, cette étendue indéfinissable illustre davantage les notions de perte, de fuite en avant, voire de vide. Le personnage principal semble souffrir d’un sentiment de culpabilité et de frustration, dû à son incapacité à vivre pleinement.
Si Balthasar Kormakur ne lui offre pas une destinée aussi tragique que son homologue russe, la résultante dramatique est toujours aussi prégnante. La légèreté de ton n’est que façade dans White night wedding qui ne propose, en définitive, qu’une vision sombre des rapports humains et de l’inéluctabilité de l’abandon. « Laissez-moi ! » ne sont-ils pas les derniers mots d’Ivanov... ?