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La première belle surprise de When You’re Strange, c’est de découvrir l’impressionnante masse de documents restés jusque-là inédits. DiCillo s’en sert comme d’une arborescence révélatrice du phénoménal impact culturel qu’ont eu les Doors sur la jeunesse américaine à la fin des années hippies. La sélection de ces images jamais vues est intelligente quand elle décrit, en plus de la marche du groupe, le climat de cette drôle de période, entre cendres d’utopies et échos avant-coureurs de la gueule de bois sociale des seventies. Entre autres idées brillantes, DiCillo a eu celle de reprendre la majeure partie d’HWY – An American Pastoral (un film mythique réalisé par Paul Ferrara et Morrison juste avant que le chanteur ne monte à bord du Rock’n’Roll Circus et n’en devienne l’une des plus légendaires attractions), en reprenant le même style de montage pour le reste du film. Ce principe et la voix off de Johnny Depp multiplient les allusions aux chansons des Doors et procurent l’ahurissante impression d’un parcours raconté par Morrison lui-même. Les ultrapuristes pourront toujours reprocher à When You’re Strange de ne leur apprendre que peu de chose au regard de ce qu’ils savent déjà, mais ils apprécieront les initiatives du réalisateur qui, évitant le sempiternel canevas plan-plan de ce type de documentaire, trouve souvent l’angle idéal pour évoquer les Doors en poussant, comme Morrison et les membres du groupe, de nouvelles « portes de la perception ».
Toutes les critiques de When You're Strange
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Comme une évidence, on capte peu à peu les raisons qui, toutes générations confondues, nous ont fait aimer les Doors. Avec une seule envie sitôt le film achevé : se précipiter sur leurs albums !
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par Mathilde Lorit
(...) Tom DiCillo évoque avec un feeling impeccable le fulgurant succès du groupe et le charisme de Morrison, sex machine et poète maudit.
Narré par Johnny Depp, ce mélange d'archives, d'interviews, d'extraits de concerts et de documents rares ou inédits, cerne au plus près ce groupe phare des années 60, dont la musique continue encore à hanter et influencer des générations. Rock, choc et passionnant.
DiCillo a eu là une excellente intuition. When You’re Strange est l’anti-The Doors d’Oliver Stone. Là où la fiction stonienne était artificielle, boursouflée, réduisant le groupe à un scénario hollywoodien caricatural, le doc est authentique, musical, exsude le parfum particulier des années 60, rend compte de la puissance sulfureuse du groupe, fait descendre les Doors de leur nuage mythologique pour les ramener vers leur réalité de groupe de blues sexy et singulier. (...) On pense alors à tous ceux qui ne goûtent pas les Doors, agacés par le culte du Père Lachaise, l’encombrante image de “poète” de Morrison ou le film de Stone. Ils se disent peut-être aussi “encore les Doors !” When You’re Strange pourrait leur faire changer d’avis : on y voit un groupe de rock blues sexy et inventif, saisi live dans sa jeunesse et son jus de sixties.
hen you’re strange : a film about The Doors agit comme un témoin rétrospectif et argumenté de ce groupe mythique dont la discographie a bouleversé toute une génération et continue de surprendre et de séduire. Tom DiCillo a habilement sublimé sa passion initiale pour en exploiter les ressorts et proposer un brillant documentaire qui en convaincra plus d’un.
S'il offre une plongée dans une atmosphère relativement fascinante, ce documentaire ne nous apprend rien de neuf sur l'alchimie particulière de cette association entre quatre individus provenant d'horizons très différents.
Le film est beau parce qu'il a l'air d'avoir toujours été là : une source, un état d'éternité, au même titre que sa star iconique, ado ivre flottant au-dessus de sa propre image.
A grand renfort d'images inédites (...) Tom DiCillo nous présente un formidable documentaire sur les Doors, groupe devenu mythique.
Les fans des Doors n'apprendront rien devant ce documentaire, d'autant que le texte lu d'une voix monocorde par Johnny Depp s'extirpe rarement du commentaire tautologique sur le talent de poète de Morrison ou le contexte historiquement violent des années 1960 aux Etats-Unis. Mais les fans comme les novices auront du mal à ne pas succomber une nouvelle fois à la séduction de Jim Morrison. Croiser son regard, mi-étonné, mi-goguenard, suffit. Il crève l'écran, et il le sait. C'est cet aspect-là du personnage, la conscience de la fascination qu'il exerce, mais surtout son addiction à double tranchant pour la célébrité (contrairement aux autres Doors préférant mettre en avant la musique), qui intéresse le plus Tom DiCillo, et qu'on retiendra de When You're Strange.
When Your're Strange, commenté par Johnny Depp, offre des pépites comme des extraits d'une œuvre expérimentale tournée par Morrison. La sensibilité à fleur de peau de DiCillo imprègne ce film qui parvient à être personnel tout en évoquant des personnalités inoubliables de la culture pop.
Le réalisateur américain Tom DiCillo exhume des images d’archives inédites tournées entre 1966 et 1971, utilise des extraits de "HW : An American Pastoral", sorte de western métaphysique tourné par le chanteur, recrute Johnny Depp (à la voix off) et signe un (bon) documentaire sur l’itinéraire sulfureux du groupe. Il pose des images de la guerre du Vietnam sur "Riders on the Storm" ou de la mort de Martin Luther King sur "The End". Ressuscite la colère et le puritanisme d’un pays (Morrison, l’icône érotique, donc provocatrice par excellence, sera accusé d’outrage à la pudeur). Et signe le portrait dénué de romantisme d’un surdoué qui choisit de se consumer.
On se dit qu’on a tout vu, tout lu, tout entendu sur les Doors, puis on découvre ces images du chanteur que les spectateurs viennent toucher comme le Messie alors qu’il traverse la foule dans un stade. Ou ces instantanés encore plus rares du sexe-symbole et ses groupies dans les loges, son trip d’acide dans le désert filmé par un copain d’Ucla. Ce documentaire en dit long sur l’alchimie créatrice du groupe autant que sur la personnalité autodestructrice de son leader alcoolique et toxicomane, sans écorner la légende. Quant au mystère sur les circonstances exactes de sa mort, à Paris le 3 juillet 1971, il reste entier.
Sans donner de frisson et sans écorner la légende, When You're Strange n'en procure pas moins un doux plaisir de régression nostalgique, ce qui n'est pas sans charme, dès lors que l'époque dans laquelle il plonge paraît déjà si lointaine et si exotique, dès lors que la musique des Doors a conservé toute sa vigueur, son inventivité débridée, sa liberté, dès lors que Jim Morrison reste un des spécimens masculins les plus délicieux à regarder.
En tant que montage d'archives sur les Doors, ce film est précieux. Vingt ans après la « big » fiction d'Oliver Stone, il est toujours intéressant de se replonger dans la réalité pour le moins chaotique du groupe. Extraits de concerts, bouts d'interviews et surtout séquences en studio pour les albums The Soft Parade et L.A. Woman : voilà de quoi se faire une idée des forces contradictoires qui animaient le quatuor californien, amateur de jazz et de blues, mené par un faune charismatique. Jim Morrison se rêvait poète, artiste total et se trouva rock star. Ascension psychédélique et chute alcoolisée, l'histoire est connue par coeur, mais les fans apprécieront ce supplément d'images. Ex-étudiant en cinéma (il adorait Godard !), Morrison a laissé quarante-cinq minutes de film où on le voit traverser le désert à bord d'une voiture, en 1970. Tom DiCillo (Ça tourne à Manhattan) en a tiré un fil rouge narratif qui laisse plutôt sceptique, comme s'il lui fallait à tout prix s'échapper de la forme documentaire en imitant la « liberté » de son fameux sujet.
Les fans des Doors n'apprendront pas grand-chose à la vision de When You're Strange mais se délecteront des images inédites, notamment celles du moyen-métrage réalisé par Morrison en 1970 –HWY, An American Pastoral. Les autres découvriront un groupe précurseur, certainement plus jazz que rock, à la fois dans, et en avance sur son temps comme le souligne le réalisateur dont le montage rythmé et le ton ironique des commentaires (lus par Johnny Depp), collent parfaitement à la trajectoire stratosphérique du groupe et de son leader.
(...) When You're Strange n'arrive jamais à être l'événement voulu, juste une bonne évocation de rockers mythiques.
Outre l'utilisation d'extraits de ce western métaphysique, le reste accumule le déjà-vu et le déjà dit: Morrison buvait (trop), se droguait (trop), baisait (trop), chantait (trop), dansait (trop) pour une Amérique (trop) conservatrice. Bigre!