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Grand sujet, grand réalisateur mais petit film. En s’attaquant à la biographie de l’actuel Président des Etats-Unis, Oliver Stone se heurte à un problème de taille : il a finalement de l’empathie pour le bonhomme, son problème avec papa et ses déficiences intellectuelles. Ca donne d’ailleurs un bon drame familial façon Dallas la plupart du temps. Malheureusement, à l’orée du conflit irakien, on aperçoit un bout de l’ampleur politique qu’aurait pu prendre son film. W et parti en guerre pour son pays ou contre son père ? Sans même avoir abordé le deuxième mandat (sûrement pour des raisons légales), Stone conclut son W. sur un discours balbutiant de son personnage en titre. Tout un symbole qui résume bien la frustration provoqué par cette œuvre.
Toutes les critiques de W., l'improbable président
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
- Télé 7 jourspar Julien Barcilon
Privilégiant l'angle psychanalytique [...] comme sésame du personnage, le portrait ne manque pas d'intérêt mais se révèle par trop réducteur, répétitif et, de surcroît, n'apprendra rien [...] à ceux que le sujet intéresse.
- Ellepar Françoise Delbecq
Cette juxtaposition de morceaux de son existence est comparable à un puzzle que l'on construit ici en deux heures chrono. Même si Josh Brolin dans le rôle principal est hallucinant de mimétisme et si Thandie Newton en Condoleezza Rice, perverse dans ses silences, comme dans ses hochements de tête, est remarquable, on se dit: Ok et alors? La mise en scène sans relief a des allures de téléfilm.
- Paris Matchpar Christine Haas
Connaissant Oliver Stone, on imaginait un réquisitoire sanglant, une ironie mordante, voire un portrait tragique, plutôt que celui d'un clown sympathique. On espérait sans doute trop d'un cinéaste capable du meilleur comme du pire. En refusant de tirer sur l'ambulance, il signe un biopic honnête mais mou du genou.
- Fluctuat
Oliver Stone voulait à tout prix sortir son film sur George Bush avant l'élection présidentielle américaine. Malheureusement au prix de la consistance de ce W., biopic sympathique et léger, et donc très loin d'être à la mesure de son sujet. « L'incroyable parcours du 42e président des Etats-Unis, ou comment George W. Bush est passé du statut d'alcoolique notoire à celui de président de la première puissance mondiale ».Cette promesse d'Oliver Stone formulée dans le synopsis de W. - l'improbable président, est loin d'être tenue. On attendait beaucoup du réalisateur américain, dont l'oeuvre de dénonciation de l'Amérique politique (JFK, Nixon), guerrière (Platoon, Né un 4 Juillet), sociale (Tueurs nés, Wall Street...), semblait le prédisposer à s'attaquer au vaste sujet, brûlant et débordant largement les frontières américaines, de la désastreuse présidence george bush.La déception est donc grande face à ce W., biopic somme toute classique, qui survole la vie du président américain sans parvenir à en tirer l'essentiel, sans dire grand chose du bonhomme et encore moins de sa politique. Loin du brûlot, Oliver Stone porte un regard presque neutre sur le parcours d'un homme qu'il présente pourtant d'emblée comme un imposteur.Qu'on se rassure, W. n'est pas un mauvais film. Dans cette mise en scène assez classique d'une vie humaine, les quelques allers-retours dans la chronologie qui associent des événements avant et pendant la présidence, permettent tout de même à Stone d'interpeller - un peu mollement - son spectateur sur des points précis (la révélation mystique de Bush, son rapport à son père, son inconsistance politique...). Quelques scènes inspirées dégagent une réelle force, notamment celle de l'élaboration du concept d'« Axe du Mal » dans le bureau oval. Josh Brolin, qui livre plus une réinterprétation du personnage qu'un exercice de mimétisme, est impeccable tout comme le reste du casting.Mais, malgré la qualité incontestable de la forme, W. manque de fond et ne marquera pas les esprits. Il restera sans doute un film mineur quand on pouvait attendre d'un tel réalisateur qu'il accouche, sur un tel sujet, de son chef d'oeuvre. La précipitation dans laquelle le film a été fait, le souci de le sortir avant l'élection américaine a largement nui à sa force et sa pertinence. Manque peut-être également le recul qui donnait par exemple à Nixon sa consistance, et permettait au réalisateur d'y imprégner sa vision, très critique, du 37e président des Etats-Unis. Le 42e n'aura pas eu ce funeste honneur.W. - l'improbable présidentD'Oliver StoneAvec Josh Brolin, James Cromwell, Elizabeth Banks, Thandie NewtonSortie en salles le 29 octobre 2008Illus. © Metropolitan FilmExport - Exprimez-vous sur le forum cinéma- Lire les fils biopic, réalisateur sur le blog cinéma- Lire notre analyse de W. et la campagne américaine- Oliver Stone sur Flu : lire les critiques de World Trade Center (2006), Alexandre (2005), L'Enfer du dimanche (2000)