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La comédienne Hélène Fillières signe ici son deuxième long-métrage de réalisatrice. Et déjà l’affirmation d’une auteure au sens où les deux films semblent se répondre. Une histoire d’amour d’après un roman de Régis Jauffret lui-même inspiré de l’affaire Edouard Stern, s’interrogeait sur l’abandon physique, le don de soi, la violence passionnelle et pulsionnelle. Si ce Volontaire, parcours d’une jeune femme qui s’engage dans la Marine Nationale et va entretenir avec son supérieur un rapport de séduction, n’est pas le récit d’un déchainement émotionnel et joue sur la retenue, la cinéaste tente de sonder la même tension sourde qu’induit certains jeux où pouvoir, fascination et répulsion s’entremêlent. C’est en tout cas, ce que l’on devine entre les lignes de ce récit malheureusement bien trop maladroit pour convaincre totalement.
Manque de mystère
Volontaire, c’est d’abord un regard d’un bleu presque transparent, celui de l’actrice Diane Rouxel où se lit tout à la fois détermination et innocence. Un regard qui devient et prend corps à mesure que celui-ci pénètre les eaux mystérieuses d’un monde fantasmé et ritualisé (la Marine Nationale) où règne un ordre immuable. Laure, c’est son prénom, devra faire un pas de côté si elle veut s’affirmer et sortir du rang. Face à elle, un mur de chair implacable : Lambert Wilson et son physique adéquat d’éternel Apollon racé. On peut légitimement se demander, à l’instar du personnage de la mère jouée par une Josiane Balasko en surjeu : « Pourquoi, une fille comme toi, rêve de Marine Nationale ? » Ou pas. C’est peut-être là où le bât blesse, dans cette volonté qu’à Hélène Fillières de tout vouloir contextualiser et justifier au risque de détruire tout ce qu’elle avait si bien mis en place. Sans mystère, tout devient trivial. Dommage car lorsque la cinéaste reste dans le vase clos du monde militaire, elle était magnifiquement parvenu à imprimer les prémices d’un trouble.