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Réalisateur de deux honnêtes thrillers dans les années 80 (Le Transfuge et Le Juge), Philippe Lefebvre réapparaît après plus de vingt ans passés à travailler pour la télévision. Et c’est un retour en grande pompe puisque Une nuit est, avec À bout portant, de Fred Cavayé, le meilleur polar français que l’on ait vu depuis longtemps. Sérieusement documentée (deux ex de la « grande maison », Philippe Isard et Simon Michaël, coscénariste de Pierre Jolivet, ont coécrit le scénario avec Lefebvre), cette plongée dans l’univers de la nuit est stupéfiante de réalisme. La caméra HD, très mobile, suit au plus près le personnage principal, dont on observe la déchéance en direct. Il y a du Michael Mann – toutes proportions gardées – dans cette façon d’allier l’esthétique du film noir à une analyse psy fouillée. Quant à Roschdy Zem, il confirme ses prédispositions pour les personnages « melvilliens », sur lesquels la fatalité pèse de tout son poids.
Toutes les critiques de Une nuit
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Tourné dans les véritables lieux parisiens avec un souci de réalisme rare au cinéma, il exerce la fascination vénéneuse d'une plongée en territoire interdit. Roschdy Zem règne sur ce monde avec l'assurance d'un félin dans la savane et la fièvre d'un héros traqué, promis à un destin tragique. En ce sens, Une Nuit renoue avec la tradition des grands films noirs, dans la lignée d'un Jean-Pierre Melville.
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Tourné en 6 semaines dans une forme d'urgence avec une équipe réduite et des caméras HD, ce film noir, sobre et affûté, fonctionne comme la série 24 Heures Chrono. Dans son costume noir, mutique, stoïque, droit comme un "i", Roschdy Zem ressemble à un cow-boy solitaire façon Clint Eastwood. Errance tendue dans le Paris mouillé et scintillant au clair de lune, Une Nuit évoque aussi bien Collateral de Michael Mann que Bob le flambeur de Melville. Et l'on se dit, en parodiant Bohringer, que, décidément, "c'est beau un flic la nuit".
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Ce n'est pas filmé pareil, bien sûr - aucun cinéaste ne pourrait ni n'oserait le faire -, mais il y a du Jean-Pierre Melville chez Philippe Lefèbvre. Et un peu de l'Alain Delon d'Un flic chez le Roschdy Zem d'Une nuit : tous deux circulent de bar en bar dans les quartiers troubles de Paris en compagnie d'un témoin silencieux - Paul Crauchet pour l'un, Sara Forestier pour l'autre. Tous deux éprouvent de l'affection pour les paumés qu'ils croisent : Delon pour son indic, un travelo superbe ; Zem pour un autre trav, flapi, lui, que son jeune amant fait chanter après avoir kidnappé son chien... Tous deux ont une faiblesse, un pote du mauvais côté de la loi, à qui ils pardonnent tout : Richard Crenna dans Un flic, Samuel Le Bihan dans Une nuit.
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(...) Une magnifique nuit unique, unité de temps condensant une succession de séquences fortes sur la faune nocturne, qui rehausse ce polar d'une dimension poétique saisissante.
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par Barbara Théate
Cela faisait longtemps que le cinéma français n'avait pas accouché d'un aussi bon polarUne comédie sympathique, bien servie par le duo Gérard Jugnot - François Berléand. Pour son premier rôle au cinéma, la chanteuse Olivia Ruiz, pas toujours très convaincante, bénéficie d'illustres partenaires.
Quand la ville dort, Simon Weiss, commandant à la Mondaine, rejoint « ceux qui vivent la vie à l’envers » et parcourt, avec son chauffeur d’un soir, une jeune policière, les étapes de son territoire : bars minables, cabarets de travestis démodés, boîtes chics. Il y croise ouvreuses et vigiles, voyous et dealers, « hommes d’affaires ». Une nuit pas comme les autres pour Simon, dénoncé comme ripou, l’IGS aux fesses, qui cherche le traître… De la connivence à l’amitié, de l’amitié à la complicité, l’argent, les services et les infos s’emmêlent, donnant donnant. Simon, ripou, pas ripou ? En tous cas équilibriste, ce que peint Roschdy Zem, magistral, dans un personnage tout en nuances qui jongle entre sa morale personnelle, sa fidélité à un empereur de la nuit et les exigences de son métier. Sur le thème éculé des liaisons dangereuses entre flics et voyous, un film noir original, une tragédie d’une nuit à l’atmosphère envoûtante, magnifiquement accompagnée par une musique dense et singulière
Simon Weiss (l’excellent Roschdy Zem), commandant à la mondaine, que son job force à flirter avec la légalité, se sait dans la ligne de mire de la police des polices. Comme chaque nuit, il fait et refait la tournée des bars, cercles de jeu et boîtes de nuit drivé par Laurence (Sara Forestier), son nouveau chauffeur, pour tenter de découvrir qui veut le piéger. Mais cherche-t-il seulement au bon endroit ? Philippe Lefebvre, ancien réalisateur de télé, signe une formidable virée tournée en HD que son unité de temps condense. Il y a du Jean-Pierre Melville dans ce film noir qui sait traquer la fatigue, dépeindre le milieu, jouer sur la fatalité et montrer un Paris nocturne qui rappelle les meilleurs films des années 1970.
Cela faisait longtemps que le cinéma français n'avait pas accouché d'un aussi bon polar.
C'est un polar français comme on en voit peu: noir, intense, profond et âpre. Une des plus belles réussites du genre depuis longtemps.