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C'est l'histoire d'une famille qui essaie de garder sa ferme face à des promoteurs sans scrupules, et ça commence un peu comme un hommage au bronsonien Mister Majestyk avec des pastèques, des moustachus et un fusil. Un homme intègre menace effectivement d'exploser à chaque séquence, de se transformer en vigilante movie iranien. Mais le réalisateur Mohammad Rasoulof, qui doit jouer avec les contraintes techniques d'un tournage en Iran, ne peut pas tourner de fusillade apocalyptique ou de climax au napalm : il désarme donc son héros dès l'ouverture, avant de lui faire subir une pression de plus en plus forte. Craquera, craquera pas ? Mais l’impressionnant final du film permet de saisir qu'Un homme intègre n'est pas le récit classique d'un type ordinaire qui essaie de garder son honnêteté jusqu'au bout, mais l'histoire de la naissance d’un salaud. D'où viennent les gardiens de ce monde corrompu jusqu'à la moelle ? Un homme intègre ne nous donne pas la clé, plutôt une somme de circonstances dont l'illustration réaliste, sobre et glaciale, évoque le magistral Léviathan. Le parallèle avec le film d'Andreï Zviaguintsev n'est pas qu'esthétique -comme dans Léviathan, on est dans le romanesque, dans une tension permanente entre l'ellipse et le hors champ, et les money shots bibliques à base de poissons morts et de nature indifférente. Comme Léviathan, Un homme intègre est un western moderne où les pouvoirs du fric et de la religion marchent main dans la main pour broyer les corps et les âmes. On en sort avec la rage au ventre et l'envie d'allumer un grand incendie.