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Dans le cinéma social anglais, il y a, pour faire simple, l’école Ken Loach (réalisme didactique) et la veine Mike Leigh (réalisme émotionnel). Certains acteurs britanniques confirmés passant à la réalisation (Gary Oldman, Tim Roth, Peter Mullan) ont ouvert une troisième voie qu’on pourrait qualifier de « réalisme misérabiliste », qui explore de manière crue les pires fléaux de la société (alcoolisme, violence, inceste). Ne pas avaler, The War Zone ou Orphans, films insoutenables, pour une bonne part autobiographiques sinon thérapeutiques, ont ainsi imprimé dans la mémoire de ceux qui les ont vus des images durablement marquantes. Paddy Considine, second rôle remarqué dans 24 hour people, Hot Fuzz ou La vengeance dans la peau, imite donc ses glorieux aînés, à la différence près que Tyrannosaur est une pure fiction, inspirée du premier court-métrage de l’acteur, Dog Altogether, où jouaient déjà Peter Mullan et Olivia Colman. Chez lui, moins de misérabilisme, plus de lumière. Enfin, de lueur –faut pas pousser non plus. La présentation des personnages, qui additionne violences et souffrances, laissait pourtant craindre le pire, du voyeurisme débectant au chantage à l’émotion. Considine est heureusement plus subtil que ça. Joseph, malgré son caractère autodestructeur, ne provoque pas par hasard la rencontre avec Hannah. Celle-ci ne le recueille pas dans son magasin sans arrière-pensées. Chacun, la tête à moitié sous l’eau, se raccroche à la bouée qu’il peut. Du début à la fin du film, rien ne leur sera épargné ou facilité mais tout leur sera pardonné. Les personnages secondaires –le mari brutal, le petit voisin maltraité- mettent parallèlement en relief leur bonté enfouie sous des kilos de névrose. Il y a dans le sauvetage mutuel de Joseph et Hannah une dimension chrétienne –souffrance, compassion, rédemption- qui n’échappera à personne et qui donne foi dans le cinéma de Considine, type foncièrement humaniste. Dans sa mise en scène même, il cherche moins à convaincre qu’à témoigner. Il préfère ainsi les plans moyens neutres aux gros plans émotionnellement chargés ; les plans composés et fixes aux plans à l’épaule si galvaudés. Il cadre large le quartier défavorisé de Joseph comme une ville de western, avec son saloon, ses gueules et sa torpeur en trompe-l’oeil, où le danger rôde en permanence mais où la vie reprend in fine ses droits. Tyrannosaur est effrayant, fascinant et apaisant. C’est un grand film.
Toutes les critiques de Tyrannosaur
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Pour sa première fois, le réalisateur nous bouleverse avec sa tragédie optimiste.
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La puissance du film repose sur la fragilité de ses personnages et sur la tension qui les animent. On est sur le fil en permanence. Véritable coup de poing, Tyrannosaur est la fois la parfaite illustration que l'on peut aimer et détruire à la fois.
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Un film dur mais renversant.
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Filmé au cordeau par Paddy Considine, "Tyrannosaur" est une sorte de thriller psychologique, pur concentré de violence et d'humanité, de colère et de souffrance, mais aussi une formidable leçon d'espoir. (...) Et si ce film est une telle réussite, c'est aussi grâce à l'interprétation exceptionnelle du couple formé par Peter Mullan et Olivia Colman.
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On a l'impression d'être passé sous un rouleau compresseur. Un peu hébétés par tant de noirceur. A la limite de l'écoeurement. Dans ce film qui ferait presque passer Ken Loach pour un gain luron, Patty Considine réussit pourtant à garder un subtil équilibre et évite de s'embourber dans la complaisance et le misérabilisme voyeur.
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Un voyage au bout de la nuit, mélancolique, émouvant, humain, terriblement humain.
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Un premier long-métrage britannique ambiance drame social, avec Ken Loach en ligne de mire. Pas gai. Mais dense, tenu, concentré. (...) Et puis il y a Peter Mullan. L'immense Peter Mullan.
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Paddy Considine prend acte de "l'animal intérieur" que l'impasse sociale anglaise réveille chez chacun de ces hommes. [...] "Tyrannosaur" est certes ankylosé d'idées religieuses mal à leur place, mais généralement fort présentable.
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Paddy Considine enquille les désastres et filme son histoire – une histoire de culpabilité, de rédemption et d’un amour qui ne dit pas son nom –, avec une frontalité glauque. Ce qui retient néanmoins dans ce film, certes éprouvant mais relativement impressionnant, c’est le combat de l’ombre et la lumière qu’orchestre sans cesse la mise en scène (...)
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C’est un film-portrait : celui de Joseph, vieux soulard violent, dans une Angleterre rurale pas en ruines mais juste blafarde, vaine. C’est aussi le premier long métrage, après le remarqué court Dog Altogether, réalisé par l’acteur Paddy Considine. Agréablement distancé des chroniques sociales anglaises habituelles, Tyrannosaur mélange de bons ingrédients à quelques assaisonnements un peu rances, mais s’en sort très honorablement.
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(...) si quelques bonnes idées (...) et certains très gros plans (...) montrent avec justesse la mécanique de la fureur et le pathos de ses personnages, l’ensemble de la chose manque de profondeur (mais pas de fulgurances frontales) et se raccroche trop souvent à des pierres d’angle qui ne méritent pas non plus une canonisation immédiate.(...) Heureusement pour Paddy, Peter Mullan et Olivia Colman sont tout simplement monumentaux
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Peter Mullan et Olivia Coleman sont bouleversants d'humanité dans ce film tourné dans un quartier déshérité de Glsgow qui tient à la fois de la love story et du drame social. Brut, authentique et touchant.
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Tyrannosaur et ses chagrins à poings levés est une histoire d'amour qui e se dit pas. Seule une ellipse trop sèche, empêche de s'y noyer tout à fait. Mais au bout, il y a l'apaisement. Et un film comme un uppercut.
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Le comédien britannique qui réalise ici son premier long-métrage met en scène la rencontre entre un homme seul et violent, et d'une femme pieuse et charitable.Les effets appuyés désignent bientôt la fureur masculine comme la source de leurs maux. Un acte de contrition macho.
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On sent parfois un peu trop le poids des intentions, des idées, pas toujours bonnes (...). L'émotion l'emporte pourtant grâce à l'interprétation d'Olivia Colman, une actrice peu connue sur laquelle le réalisateur a misé, sans peut-être imaginer qu'elle volerait à ce point la vedette à son partenaire.
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Misère et solitude sont au programme de ce premier long-métrage qui lorgne vers le cinéma de Ken Loach, la finesse en moins. Volontiers sordide et pas mal surjoué, Tyrannosaur plombe plus qu'il ne captive.
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Le film, d'une noirceur implacable, n'évite ni la complaisance doloriste ni les maladresses d'écriture. Toutefois, il est racheté par une résolution assez habile sur un air pourtant connu.
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Même s'il tire de ses acteurs (notamment de Peter Mullan, toujours excellent) de belles interprétations, Paddy Considine réussit surtout à accabler le spectateur sans vraiment renouveler le genre sans doute devenu trop familier du film social.
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Vaguement réac (on y vante les bienfaits de l'autodéfense), le film est vite ivre de son nihilisme et de sa mauvaise humeur.