-
Un ancien joueur de football s'associe avec un parieur professionnel pour gagner beaucoup d'argent. Par essence abstraite, la spéculation se prête mal à un traitement visuel, même si l'histoire y ajoute quelques thèmes un peu plus humains : rapports père-fils, identité, dépendance, nature du joueur. Hélas, malgré leurs efforts pourtant méritoires, les interprètes n'arrivent pas à rendre passionnants des dialogues.
Toutes les critiques de Two For The Money
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
- Fluctuat
Parler de cinéma, c'est un peu parfois comme le boniment d'un bookmaker. Aussi oserez-vous nous faire confiance et miser cet été sur un outsider ? A vous de voir. Mais avec Two for the money de D.J. Caruso c'est sûr, vous n'avez rien à perdre.
Depuis une petite dizaine d'années s'est instauré le rituel des sorties estivales, avec d'un côté les locomotives des grands studios hollywoodiens, et de l'autre des sorties plus mineures ou datées. C'est justement dans le creux de la vague que se cachent parfois des films moins visibles que l'on aurait envie de défendre. Passé injustement inaperçu l'été 2005, Les bienfaits de la colère s'était ainsi révélée comme l'une des oeuvres les plus touchantes de l'année. L'essai peut-il être rejoué aujourd'hui avec Two for the money de D.J Caruso (The Salton Sea, Taking Lives, que l'on a vite oubliés) ? Pas complètement. Pourtant osons parier sur lui car, à défaut de gagner gros, la mise ne sera pas perdue.A quoi tient Two for the money ? D'être un film sur ces nouveaux bookmakers new-yorkais qui, avec leurs allures de yuppies, leurs écrans plasma et leur super système informatique n'ont rien à envier aux traders de Wall Street ? De raconter l'histoire d'une rencontre entre un ancien footballeur (Matthew McConaughey), nouvel adepte et professionnel du pari, et de son futur mentor (Al Pacino), un bookmaker télévisé à la tête d'un empire du jeu ? Ou bien d'être une oeuvre sur l'addiction et ses ravages existentiels ? Un peu tout ça à la fois, et plus encore. Si Two for the money n'évite évidemment pas de pointer les dangers des jeux d'argent, D.J Caruso s'intéresse surtout à la création d'un personnage. La véritable histoire du film, c'est d'abord celle qui lie McConaughey et Pacino, soit un acteur et son metteur en scène, l'apprenti et le maître.Lorsque McConaughey débarque de Las Vegas pour New York à la demande de Pacino il n'a pour lui que son talent de devin et surtout d'ex footballeur. Pour muter en parfait bookmaker télévisé, il doit devenir un autre, rentrer dans la peau d'un personnage. Il lui faut changer de nom, d'allure, de mode de vie, mieux il doit être une voix. Il faut donc répéter, suivre les enseignements du professeur, faire plusieurs tentatives. Trait de génie du film, pour parfaire sa voix, il faut entraîner son corps, faire du sport, de la musculation. Plus qu'être une image, il faut l'incarner. Le prix du sacrifice est évidemment de se perdre, de plonger dans un monde en spirale où le jeu et son incertitude deviennent une réalité mouvante et absolue. Comment alors maintenir cette illusion si instable, ce jeu, cette mise en scène à la tectonique si friable lorsque l'envers du décor (l'argent, la mafia, la jalousie, l'addiction, le véritable hasard des résultats) apparaît soudainement ?Two for the money répond justement par l'impossible. Cette réalité grisante du jeu qui aspire jusqu'au risque de tout perdre, soi-même, ses proches, l'appréhension du réel, c'est l'ultime limite. Le moment où l'essence du jeu, non pas la victoire mais le fait même de jouer, s'est perdu dans l'obsession et l'aliénation de la conjuration du hasard. On ne peut mettre sa vie en jeu, il faut donc accepter que la mise en scène vous échappe, qu'à l'instar d'Al Pacino votre acteur se libère de votre autorité. A l'inverse des formules consacrées, la vie n'est pas comme le théâtre. Tout cet enchaînement de métaphores, Two for the money l'articule avec une certaine évidence sans faillir à une relative élégance de la mise en image, à une tonalité à la fois discrète et feutrée.En laissant au film le soin de s'étoffer sur les épaules de McConaughey et Pacino, D.J Caruso a trouvé la juste mesure, une adéquation tranquille entre le sujet et l'approche plus réflexive nouant les deux personnages et acteurs. Film sans généalogie véritable, à la fois unique et mineur, Two for the money a tout pour nous plaire, sa modestie, son inventivité mesurée, un Al Pacino constant à la présence sereine et sans trop d'excès. Pour une fois cet été, osez miser sur l'outsider.Two for the money
Réalisé par D.J Caruso
Avec Al Pacino, Matthew McConaughey, Rene Russo
Sortie en France : 26 juillet 2006[Illustration : © Universal Pictures]
Sur Fluctuat :
- Consultez les fils en salle, sorties de la semaine, bandes annonces sur Ecrans, le blog cinémaSur le web :
- Site officiel du film