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Train de nuit, le deuxième film de Diao Yinan, est un bijou mélancolique. Tract politique dénonçant la brutalité de la justice chinoise, méditation antonionesque sur la solitude existentielle, étourdissante claque visuelle, Train de Nuit confirme que le nouveau cinéma chinois possède une redoutable capacité à pointer du doigt les mutations scandaleuses de la société chinoise avec un style sidérant.
Toutes les critiques de Train de nuit
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Car tout en refusant les effets dramaturgiques attendus, en étirant divers moments a priori insignifiants qu'il rend ainsi essentiels, en suivant les déambulations désespérées et hébétées de ces laissés-pour-compte du social ou du sentiment, Diao Yi Nian compose un ballet abstrait construit de filatures, de trajets et d'attentes mutiques au coeur d'un lieu modelé par une architecture industrielle volontiers monumentale. Ce parti pris fait du film, bien au-delà de sa simple intrigue, la peinture d'une addition de solitudes au centre d'un monde qui broie par ailleurs aisément les individualités.
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Eros et Thanatos : Wu Hongyan est ballottée entre la mort qu'on la force à donner (plan superbe où elle brûle les gants de caoutchouc qu'elle a enfilés pour exécuter la sentence) et le sexe qu'elle recherche obstinément, mais en vain. Tout le film baigne dans une frustration érotique intense qui culmine lors d'une splendide séquence de poursuite dans les bas-fonds de la ville : Wu Hongyan, suivie par un jeune homme, croit à une pure attraction sensuelle, alors qu'elle est en fait traquée au nom d'une vengeance. Quand ces deux-là sont enfin mis en présence, les lieux s'élargissent et s'éclairent. On découvre alors un cinéaste inspiré qui a probablement lu les grands Russes - Dostoïevski et Tolstoï, entre autres - et vu les films que Robert Bresson a tirés de leurs oeuvres : Quatre Nuits d'un rêveur et L'Argent.