-
Time Out promettait une revanche doublée d’un retour attendu à l’anticipation. À l’arrivée, il s’agit surtout d’un état des lieux alarmant. Au bout de trente minutes, Niccol ne sait plus quoi faire de son pitch inspiré, bradant ses idées dans un sous-Bonnie & Clyde dangereusement cheap où la vision du futur se résume à trois terrains vagues et des vestes en cuir que l’on pensait interdites depuis le passage à l’euro. Si c’est à ce prix qu'un grand studio évalue l’ambition de nos jours, il y a effectivement de quoi craindre l’avenir...
Toutes les critiques de Time Out
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
-
par Yann Lebecque
(...) On est donc agréablement questionné sur l'état du monde et diverti par un thriller policier bien mené, action et réflexion étant réunies pour le meilleur du cinéma de genre.
Il arrive qu’une idée toute simple accouche d’un excellent film. Le thriller d’anticipation Time Out, réalisé par Andrew Niccol, qui offre à Justin Timberlake un rôle sur mesure, appartient à cette catégorie rarissime..
Élégant thriller futuriste, mêlant action, suspense et love story, Time out s'avère une réflexion affûtée sur le pouvoir du temps et cette obsession actuelle pour une jeunesse éternelle.
Allégorie très explicite de notre société (à moins que ce n’en soit qu’un portrait extrême, radical et de mauvais augure), le récit débute comme un drame assez profond sur une victime du système et de la nouvelle monnaie d’échange qui le régit, mais ce début profondément humain dégénère en une course-poursuite entre trois « men in black » froids comme la mort et un couple type « Bonnie and Clyde » désireux de détruire l’économie et de redistribuer les richesses. Ainsi, en plus d’être utopique et assez basique dans son propos, TIME OUT peut vite devenir monotone. Mais d’aucuns diraient qu’il y a des messages bons à rabâcher de manière assez triviale afin qu’ils soient entendus par tous.
Et Andrew Niccol créa le blockbuster marxiste. Avançant sous le masque de l’anticipation et son "not so distant future" (l’homme a été reprogrammé génétiquement pour arrêter de vieillir à 25 ans et mourir un an plus tard, sauf s’il a les moyens de se payer du rab de temps), le cinéaste de "Bienvenue à Gattaca" a recruté Justin Timberlake et Amanda Seyfried, Bonnie & Clyde 2.0, pour redistribuer les richesses…
Subversif, un peu fauché, mais ingénieux: voilà un film en colère. Dommage que Niccol sacrifie quelque peu l’épaisseur de ses personnages à l’importance de sa démonstration.
Derrière un récit finalement très classique (...), c'est une allégorie, plutôt grossière mais amusante, du capitalisme sauvage et de ses effets dévastateurs.
(...) Time Out regagne les schémas convenus d’un film d’action classique. C’est d’autant plus décevant que Niccol (...) a dessiné l’un des portraits les plus ingénieux d’une certaine épouvante capitaliste.
Le cocktail de Time Out nous ramène davantage aux boursouflures du très surestimé S1m0ne qu'aux émotions fondamentalement humaines de Gattaca.
Comme si Time Out se devait de respecter un quota d'action, la réflexion est relayée au second plan pour faire place à un techno thriller plus rythmée par la forme que par le fond. Passée cette amertume, on peut apprécier ce Robin des bois des temps modernes pour son efficacité.
Mené avec punch par Justin Timberlake, son thriller égratigne autant le diktat du jeunisme que les dérives du capitalisme boursier.
Andrew Niccol n'extrait que des figures de style inanimées dans un thriller routinier et tristement désincarné.
Sur la fracture sociale et la violence afférente, Time Out donne des scènes déjà vues ailleurs, et en mieux.
Au final, ce n’est pas désagréable, mais ce thriller stylé, fortement fantasmé, risque bien de ne laisser aucune trace dans l’esprit des spectateurs qui lui accorderont 1h40 de leur précieux temps...
Le risque, avec la science-fiction, est de se tenir au chaud trop près de son sujet. Ne reste alors plus que le discours, un concept, et rien pour le faire exister, lui donner vie. C'est l'écueil de Time Out dont on ne voit que la carcasse, maigrichonne et pas folichonne.