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Ionesco n’aurait pas trouvé proposition plus absurde que celle-là. Extrêmement ritualisé et concret, l’univers dans lequel évoluent les personnages est d’emblée familier. On ne s’étonne pas de voir Colin Farrell, empâté et regard éteint, promener un chien qui n’est autre que son frère ; ou la domestique du lieu lui prodiguer avec ses fesses un massage génital qu’elle ne mène pas à son terme, juste en guise de punition. C’est la force du surréalisme, quand il est bien fait, que de nous faire gober les situations les plus extrêmes avec cruauté, drôlerie et sens. Bunuelienne en diable, cette première partie en vase clos (on pense au Charme discret de la bourgeoisie) raconte évidemment des choses sur notre monde où priment les notions de performance et de réussite, très loin des préoccupations grecques du moment – on soupçonne Lanthimos d’être plus proche de Syriza que du Pasok.
Le film prend une direction nouvelle quand le héros s’enfuit dans les bois. Il devient alors un « Solitaire », un de ces parias que les sociétaires de l’hôtel chassent régulièrement pour augmenter leur capital jours. Là, il intègre une micro-société où la règle d’or est inversée : interdiction d’aimer, même de batifoler. Dans les deux cas cependant, la survie passe par une entraide conditionnée. La rencontre du héros avec une femme belle et sensible (Rachel Weisz, qui d’autre ?) est la porte ouverte sur une troisième voie, pleine d’incertitudes mais vectrice de liberté. Le dernier tiers du film, dénué de cynisme, montre l’étendue du talent de Lanthimos, capable de grand écart thématique et d’aller là où on ne l’attend pas.
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Dans un futur ressemblant au présent, les célibataires sont parqués dans une sorte de spa concentrationnaire où ils ont quarante-cinq jours pour trouver l’âme sœur, sous peine d’être transformés en l’animal de leur choix. Après Canine et Alps, le Grec Yorgos Lanthimos poursuit dans la veine du cinéma socio-conceptuel. D’abord satirique – durant la première heure, le modèle conjugal tel qu’il nous est imposé par la société marchande est critiqué –, le film opère une mue lorsque le rond-de-cuir incarné par Colin Farrell cherche à s’affranchir du diktat pour tenter d’accéder à l’amour véritable. "The Lobster" quitte alors les pesanteurs de la comédie grinçante pour s’élever vers une allégorie plus ample, d’une douloureuse beauté.
Toutes les critiques de The Lobster
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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"The Lobster" est un film d’horreur sur le sentiment amoureux aussi hilarant qu’angoissant. Au-delà de son pitch taré, extrêmement bien tenu, le film construit un univers froid, réglé où le sentiment n’est plus quelque chose qui transcende mais bien qui se contrôle et s’organise.
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Film faussement cynique et vraiment sentimental, œuvre totalement inclassable, métaphore politique et anticipation angoissante, "The Lobster" marque son époque.
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D’une drôlerie irrésistible, avant d’inspirer une tristesse inconsolable, The Lobster, si on se laisse aller à l’expérience, n’est pas un film de tout repos.
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Cette fable troublante, également servie par Rachel Weisz, est pleine de sens sur la crainte des différences, mais aussi sur l'illusion de la liberté autant que de l'amour. Et ce n'est pas, ici, le libre arbitre qui sonne la fin de la partie.
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La plupart des séquences recèlent une idée, un motif intéressant, un décalage nouveau. C'est parfois superficiel, mais très inventif d'un point du vue formel.
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Un ovni. Une belle surprise. (...) L'absurdité du film, c'est son génie.(...) Un grand film loufoque à voir.
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Ce "Homard" cuisine un film pataphysique sur la grande difficulté de l’amour dans la société qui est la nôtre. Il le cuisine à l’absurde et à la cruauté, dans une sorte de fable fantastico-réaliste qui mijote à feu doux (...) Un film étrange et prenant.
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Un long-métrage complètement barré. (...) Par le biais d’une dystopie absurde, qui réserve quelques grands moments de rire, Yórgos dépeint une société dans laquelle, entre célibataires traqués et unions forcées, on ne sait pas qui est le plus à plaindre.
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Un film drôle et cruel (...) Une curiosité !
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Très drôle au début, un peu long dans sa deuxième partie, le film de Yórgos Lánthimos, complètement barré, évoque une société menacée de déshumanisation des sentiments.
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"The Lobster" est une des œuvres les plus originales vues à Cannes cette année, et sans aucun doute la plus intéressante et décapante de son metteur en scène.
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Malgré un scénario un peu vain, on s’amuse des situations décalées et de l’humour absurde.
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Le spectateur sourit souvent devant cette histoire fantastique à la férocité réjouissante.
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C’est follement noir et drôlement flippant. Et tant pis si la deuxième partie est moins aboutie.
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Esthétique et glaçant, "The Lobster" va au bout de ses idées.
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(...) une mise en scène desséchée, frôlant parfois avec la vignette momifiée mais toujours empreint d’un humour noir qui permet de dépasser la simple illustration de scénario
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Et l’amour dans tout ça ? David le trouvera-t-il ? La beauté, cruelle et émouvante, de The Lobster est d’esquisser une réponse qui agit comme une lueur d’espoir, tout en soulignant le triste paradoxe qui inspire et motive David : l’homme qui ne voulait aimer que pour se fondre un peu plus dans la masse...
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La découverte des méandres de ce règlement loufoque fait de la première partie du film une comédie noire et cruelle, souvent irrésistible (...) le film s'essouffle quand le récit passe du côté des "Solitaires", résistants menés par Léa Seydoux (...)
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A chacun d’interpréter comme il lui plaît ce beau film maboul mais trop raide dont la fin poignante – et son clin d’œil à "Un chien andalou" – révèle un cœur jusqu’ici terriblement absent.
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Après une mise en place intrigante, la somptueuse dystopie vire rapidement au concept arty tant la traque s’enlise dans une deuxième partie qui témoigne de la difficulté à tenir cette ligne sur la longueur.
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Bel habillage (décor, concept et mise en scène), mais trop arbitraire.
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"The Lobster" tient plus de l’exercice de style que du délire coup de poing espéré. Alléchant sur le menu mais un peu fade à la dégustation.
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Baladé au sein d'un véritable labyrinthe cinématographique, on s'ennuie ou s'émerveille face à un long-métrage pour le moins indéfinissable.
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En dépit de quelques plans bouleversants et d’un casting impressionnant, Lanthimos ne parvient toujours pas à se renouveler. (...) l'aridité de la mise en scène risque de laisser de trop nombreux spectateurs sur le carreau (...)
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Un humour noir assumé, et une attention portée à la photographie – l’Irlande dans tous ses états – confère au film une qualité digne de cette belle sélection cannoise.
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La dernière partie convainc plus difficilement. Mais l’ensemble est séduisant, tire parti des paysages d’Irlande et bénéficie d’une sélection musicale heureuse.
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Une fable grinçante dont le futurisme est évidemment le prétexte à évoquer les travers de notre présent (...) Si la cocasserie et un art indéniable du décalage opèrent bien, il y a une forme de littéralité – plutôt que pauvreté – dans la dynamique allégorique de "The Lobster".
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Avec une indéniable force plastique et une inventivité très sûre, Lánthimos ordonnance sa dystopie, mi-conte horrifique des mœurs amoureuses, mi-satire monstrueuse de l’injonction à la normativité sociale (...)
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Une fois installé dans le film et ses codes, The Lobster devient répétitif, voire fastidieux. L’humour s’évapore, ne reste plus que la morbidité.
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Thriller horrifique où Amenábar prend de haut le genre tout en feignant d’y adhérer.