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Mystérieux, tel est le mot qui colle le mieux à l'univers du réalisateur thaïlandais Apichatpong Weerasethakul: mystère de ses titres, de ses intrigues, de ses plans aussi, ses films étant des objets filmiques à l'étrangeté aussi fascinante que déroutante. On peut pourtant dépasser cet aspect intimidant et s'abandonner avec délices à l'espèce de sidération que le cinéaste fait naître au fil de ses récits, toujours composés autour de la figure de la répétition. Epuré, intime, obsessionnel, symbolique, magique, luxuriant, retenu, Syndromes and a century reste un mystère bien après qu'on a quitté la salle.
Toutes les critiques de Syndromes And A Century
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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De film en film, Apichatpong Weerasethakul assume ainsi le mélange d’une forme expérimentale et d’une pensée ancestrale, mystique (où la réincarnation occupe une place capitale). Il a aussi expliqué au dernier festival de Venise avoir voulu raconter l’histoire de ses parents – sans doute le seul couple du film qui parvient à se former – et retrouver les ambiances d’hôpital qui furent celle de son enfance. La beauté du film, très lacunaire mais nullement obscur, réconcilie en tout cas deux vocations a priori contraires du cinéma : la création d’un monde à soi et l’enregistrement du monde alentour.
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Mais de quoi s'agit-il en dernière instance ? Il faudrait avoir le courage d'avouer qu'on l'ignore. Des liens privilégiés de l'amour et de la mort, du temps qui nous endeuille, de la vie qui se réincarne, du cinéma comme maladie suavement récalcitrante ? De tout cela sans doute, qui fait de Weerasethakul, cinéaste plasticien, un parent asiatique de David Lynch, un de ces artistes pour lesquels l'art du film consiste moins à projeter une histoire sur un écran qu'à transformer la toile en plaque sensible et le regard de chaque spectateur en solution expérimentale.