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« Parce que j’en avais envie. » Cette réponse de Suzanne à son paternel lui demandant pourquoi elle a décidé, à 17 ans, de garder l’enfant qu’elle attend d’on-ne-sait-qui s’applique à toute sa vie. Oui, Suzanne fait ce qui lui plaît, quitte à en payer le prix fort. La gifle (physique) qu’elle reçoit à ce moment-là est la première d’une longue série de baffes (morales). Ce deuxième long métrage de Katell Quillévéré s’intéresse comme le précédent, Un poison violent (2010), aux rugosités des jeunes filles. D’un naturalisme proche du documentaire (Minitel antédiluvien et pulls à bouloches), d’un romanesque qui ne néglige pas le surréalisme (apparitions de l’être aimé dans des endroits improbables), Suzanne est le récit triste et gai, sur vingt-cinq ans, d’un destin en zigzag. Avec des ellipses sidérantes qui mettent en lumière les moments-clés, les choix – bons ou mauvais – faits à chaque croisement. Dans cette famille, il y a toute la tendresse du monde mais chacun cherche sa place. Le père, veuf, tente d’être également une mère, et la petite soeur se doit d’être sage puisque son aînée ne l’est pas. Suzanne, elle, s’agrippe à l’amour comme une noyée à une branche. Sara Forestier et Adèle Haenel sont bouleversantes, elles passent de l’adolescence à l’âge adulte avec une évidence époustouflante. À quelques cheveux de perruque près, François Damiens est parfait. Le déterminisme social pèse son poids, imputable à l’absence du père et à un futur sans avenir. Pourtant, la force intérieure des héroïnes ordinaires que Katell Quillévéré met en scène est insolente. Une grande réalisatrice est née.
Toutes les critiques de Suzanne
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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La force de « Suzanne », c’est de mêler le propos intime d’une cinéaste et l’alchimie d’un casting. Inutile de mettre de l’huile dans les rouages, ce sont les rouages eux-mêmes qui sont de l’huile. François Damiens est poignant dans un registre dramatique. Sara Forestier court tout droit vers un troisième César.
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Katell Quillévéré avait fait de belles promesses avec son premier film Un Poison Violent. Elle les confirme et au-delà dans son deuxième long-métrage, en montrant une nouvelle fois la force liée à la destinée féminine, dans le portrait de Suzanne. Ce choc émotionnel montre surtout que le cinéma français arrive encore à bouleverser et à inventer et même parfois à atteindre ce qui est de l’ordre du sublime. Incontournable.
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Le portrait de cette jeune femme, construit en ellipses, où l’on passe de l’enfance à l’âge adulte en quelques plans, est filmé en creux. On y sonde l’ampleur de l’absence que Suzanne impose à son père, fantastique François Damiens, et à sa soeur Maria, solidement interprétée par l’actrice solaire Adèle Haenel. Suzanne, c’est Sara Forestier qui absorbe la lumière et les nuages sur son visage, qui efface par son jeu les frontières de l’âge et qui emporte la salle en un seul regard dans un ruisseau de larmes.
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Un film follement, superbement personnel.
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Par la sobriété de sa mise en scène, où romance et réalité se mêlent, Katell Quillévéré ("Un poison violent") raconte le parcours accidenté de cette insaisissable femme-enfant que Sara Forestier, d'une intense retenue, incarne magistralement....
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Avec Suzanne, Katell Quillévéré s’attelle à un genre inédit : le biopic d’une inconnue. Au final, une tragédie d’une extraordinaire liberté. Déroutant et terriblement sublime.
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C’est pour rendre justice aux anonymes que Katell Quillévéré a, en compagnie de sa co-scénariste, Mariette Désert, imaginé Suzanne : vingt-cinq ans de la vie d’une femme, avec son comptant de galères, de petits boulots, de déconvenues et d’espérances aussi. Loin du misérabilisme qu’un tel sujet pourrait laisser craindre, la réalisatrice signe un fi lm tonique, avançant au rythme du pas volontaire de son (anti)héroïne. Suzanne, c’est Sara Forestier (l’Esquive, le Nom des gens) qui continue d’affirmer son talent. Femme enfant, rebelle, puis rompue mais debout, elle est bien entourée d’Adèle Haenel et de François Damiens.
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Film émouvant et attachant, «Suzanne» est d'abord et avant tout un film à ellipses. Un film dans lequel le hors-champ tient une place prépondérante. Ce parti pris, que l'on retrouve à la fois dans l'écriture et dans le montage, place le spectateur dans la position finalement assez peu habituelle d'être en quelque sorte le coscénariste de cette histoire. A lui, en fonction de sa propre vie, de sa propre expérience, d'imaginer les pages volontairement laissées en blanc par Katell Quillévéré.
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L’obsession du personnage primordial n’empêche pas que les seconds rôles deviennent premiers à tout bout de plan : la frangine flouée, le père vieux garçon, l’amant terrible, le fiston distant. Ils sont tous comme les anticorps d’un virus incendiaire. Que nous dit Suzanne ? Qu’il vaut mieux brûler que s’éteindre.
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Réalisatrice et coscénariste (avec Mariette Désert) de ce film à la fois rude et subtil, Katell Quillévéré explore avec beaucoup de finesse l’univers de cette Suzanne que l’on n’oubliera pas, être fragile et en demande, devenue mère trop tôt, à la fois faible et forte, qu’un regard sans compassion inciterait à juger sans ménagement. Elle se garde bien de le faire, et c’est toute la richesse de ce film dont la dernière partie, sidérante, renforce encore la valeur.
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Confiante dans son histoire et dans l’émotion qu’elle suscite, la réalisatrice, adepte du naturalisme, n’en atténue pas la noirceur, procède à coups d’ellipses franches, ose escamoter son personnage principal et filmer son absence ressentie par les autres. Puis elle la fait réapparaître pour s’écrouler dans un cimetière. Sara Forestier, assez exceptionnelle, intériorise son jeu. Quant à Adèle Haenel, elle confirme tout le bien qu’on pense d’elle depuis très longtemps.
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Suzanne est le formidable second film (Un poison violent) de la jeune réalisatrice Katell Quillévéré, avec Sara Forestier, François Damiens, Adèle Haenel. Une histoire qui court sur vingt-cinq ans et qui raconte la famille, l'amour dun père, d'une soeur, d'une fille, sur la difficulté de grandir sans mère, de devenir mère soi-même, d'aimer mais de rester libre. Ça fait beaucoup, mais c'est toute la richesse de ce scénario.
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Un film romanesque et virtuose avec l'ouragan Sara Forestier.
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Un portrait de femmes sensible et bouleversant.
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Cette ambitieuse fresque familiale touche en plein coeur, grâce notamment à son quatuor de comédiens déchirants de pudeur et d’humanité. Maurice Pialat a trouvé de beaux héritiers.
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Sara Forestier (son premier rôle de femme, plus jamais elle ne sera une jeune fille au cinéma) prête son souffle de vie à cette dentellière qui s'échappe toujours, mais jamais ne se dérobe.
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Jamais prisonnière du réel, Katell Quillevéré sait le manipuler pour en faire du vrai cinéma jusqu’à un happy end torturé, avec en bande son la sublime reprise de «Suzanne» par Nina Simone. Une réussite jusqu’à la note finale.
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Bercée par une bande son branchée, le mélo ne prend jamais tout à fait. Cependant, dans le rôle du père impuissant, François Damien crève une nouvelle fois l'écran.
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Avec ce deuxième long métrage, un drame familial plein de délicatesse, Katell Quillévéré donne un portrait de femme attrapée par le cœur contre toute raison.
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L'intensité du deuxième long métrage de Katell Quillévéré (après «Un poison violent») tient beaucoup à tout ce qu'il élude. Sur le quart de siècle couvert par l'histoire, des périodes de plusieurs années sont laissées en blanc, et des événements cruciaux, escamotés. Les cavales, la violence et les délits ne sont pas filmés.
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Un beau mélo fragmenté, qui s'élève en jetant par-dessus bord la linéarité, la psychologie et le moralisme.
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Katell Quillévéré marche sur les traces de Rebecca Zlotowski, autre cinéaste trentenaire. Comme la réalisatrice de Belle Épine et Grand Central, elle ne craint pas d'élargir le cadre du cinéma «social» à la française, de tordre le cou au naturalisme, de tourner avec des acteurs connus et de filmer ses personnages comme les héros des mélos hollywoodiens de Douglas Sirk. L'avenir leur appartient.
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Le portrait d’une jeune femme tourmentée éprise d’un bandit de Marseille. Deuxième film de Katel Quillévéré, un mélo familial fougueux et inspiré mêlant trois générations.
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Katell Quillévéré évite certes toute moralisation hâtive, mais s’englue aussi dans un excès de linéarité, malgré des ellipses sèches où le montage fait office de défibrillateur.
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Une batterie de vignettes (à l’image comme dans les choix musicaux, particulièrement redondants), où la recherche d’un grand lyrisme est à chaque instant entravée par la sagesse contrôlée de la mise en scène, toute tournée vers le scénario roi.