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Encore un nouveau Spider-Man ? Déjà incarné au cinéma par trois acteurs différents (Tobey Maguire, Andrew Garfield et Tom Holland, le tenant du titre), présent dans 10 films (dont 6 solos) sortis en une quinzaine d’année, le célèbre tisseur symbolise mieux que quiconque la frénésie du genre super-héros, alias la plus grosse vache à lait du Hollywood du XXIe siècle. Dans ce contexte, proposer un énième long-métrage consacré à l’Araignée, fusse-t-il en animation, aurait pu être une grosse erreur de la part de Sony, voire une tentative désespérée de gaver un public déjà repus avec un personnage désormais partagé avec Marvel Studios. Sauf que Spider-Man : New Generation est tout sauf la bouchée de trop qui vous donne la nausée, mais plutôt un trou normand qui redonne envie de bouffer du super-héros comme jamais.
Réalisé à six mains (Peter Ramsey, Bob Persichetti et Rodney Rothman), ce long-métrage réussit en effet plusieurs tours de forces, le tout en moins de 2h. Convoquant à peu près tous les versions de Spidey imaginables, voire improbables (dont une jeune fille d’inspiration manga et l’étonnant Spider-ham qui semble tout droit sorti des Looney Tunes), cet ovni confronte notamment Miles Morales à Peter Parker, soit le nouveau Spider-Man des comics face à l’historique qui sévit toujours dans le MCU.A ce qu’il faut d’autodérision et d’humour méta (sans les blagues pipi/caca à la Deadpool), tous les procès en authenticité sont ici rendus caduque. En comics comme à l’écran, tous les Spider-Man peuvent coexister, et même faire cause commune, nous dit le film. Un message de réconciliation qui semble aussi s’adresser aux fans, qui ont tendance à s’écharper dès qu’on touche à leur enfance. Car qui pourra encore remettre en cause Miles Morales, le Spider-Man afro-latino, après avoir vu New Generation ?
Rythmé, fun, bourré de clin d’œil aux comics, assumant l’héritage de l’Araignée, jusqu’aux souvenirs les plus honteux, ce Spider-Man ose tout, et réussit presque tout, profitant à fond de son support pour sortir des clous. Car bien des choses qui fonctionnent ici seraient sans doute catastrophiques dans un film avec de vrais acteurs, en "live action" comme on dit dans le jargon. Et si l’avenir du film de super-héros était dans l’animation ? C’est ce qu’on se dit depuis les années 90 et la série Batman, et il semblerait que le grand écran est enfin en train de le réaliser.