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Difficile de ne pas se laisser distraire par l’histoire silencieuse que chuchotent les "grands films malades", selon la jolie formule de Truffaut qui s’applique parfaitement au chef-d’oeuvre de "Billy le Dingue". L’auteur des "Quatre Cents Coups" soutenait qu’un long métrage est avant tout le récit de son propre tournage et, avec sa gestation dantesque, "Sorcerer" ("Le Convoi de la peur") ne pouvait pas plus lui donner raison. Le film raconte un périple, et c’est effectivement celui dont rêvait Friedkin au milieu des seventies, une échappée hors du réalisme nerveux et du cinéma de genre, que le maître avait brillamment investis avec "French Connection" et "L’Exorciste". Empruntant à Henri-Georges Clouzot l’intrigue du "Salaire de la peur", Friedkin dérive vers un voyage mental à la Joseph Conrad. Il décrit un trajet vers la folie, une lutte contre les forces naturelles : la jungle amazonienne, ses fleuves tumultueux et, bien sûr, le feu qui menace constamment de carboniser les quatre convoyeurs (dont Roy Scheider et Bruno Cremer, chacun dans leur plus beau rôle). L’occasion de s’oublier dans une longue fugue métaphysique qui est avant tout celle de Friedkin lui-même. Chaque plan trahit son désir d’atteindre un absolu, une forme aux frontières de l’abstraction. Et, comme par magie, les rudes contraintes de tournage ne font que renforcer l’ampleur de ce cauchemar végétal. Quand l’un des camions traverse péniblement un pont de singe sous la tempête (scène mythique qui manqua de noyer le projet), l’acharnement du cinéaste est digne de celui du pèlerin épuisé. C’est ce qui fait de "Sorcerer" l’un des derniers grands films d’action à avoir défié la nature hostile avant que Hollywood ne bascule dans la dématérialisation. À sa sortie le 24 juin 1977, il est pulvérisé au box-office par "Star Wars", alors en salles depuis un mois. Friedkin explose en plein vol mais referme une ère à sa façon, au terme d’une croisade aussi épique que celle de "Sorcerer".
Toutes les critiques de Sorcerer : le convoi de la peur
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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(...) un chef-d’œuvre plein d’huile de vidange et de sueur signé Friedkin, quelques années après “L’Exorciste”. De l’art de maîtriser le chaos.
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Plus qu’un film d’aventures ou de suspense, Friedkin travaille au film d’une épreuve, physique et mentale, dont le temps est le paramètre essentiel, et dont il traque les signes du corollaire le plus naturel : l’épuisement.
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Un film qui repose sur l’intensité, la maîtrise et le réalisme de la mise en scène signée Friedkin associée à l’excellente BO de Tangerine Dream et à l’implication physique des comédiens, soumis à un tournage infernal dans la jungle.