-
Pamphlet ou propagande? Documentaire ou docu-menteur? L'hybride Sicko interpelle et irrite à la fois. On nage en pleine télé-réalité tire-larmes avec médecins prévenants, patients reconnaissants et voix off sentencieuse... Michael Moore doit-il être remboursé par la Sécurité Sociale? Oui, mais prenez tout de même une bonne mutuelle.
-
Parce qu’il nous renvoie à des choses simples, tragiques et universelles, la maladie et la mort, Michael Moore sait capter notre attention. Restons néanmoins prudents. Le travail de Moore s’apparente plus à la diatribe documentée qu’au documentaire journalistique. On peut aussi émettre de sérieux doutes sur la qualité de l’enquête menée en France. On ne paierait donc pas la venue de SOS médecins chez soi ? Les hôpitaux ne nous enverraient jamais de factures ? Me serais-je donc fait avoir ? Ou Monsieur Michael Moore n’a-t-il pas correctement mené son affaire ? Moore aime la caricature, visiblement trop. Son œuvre de sape perdant du coup en crédibilité.
Toutes les critiques de Sicko
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
-
Sicko s’impose comme son film le plus personnel, le plus fort. Derrière le sympathique personnage de justicier dont il a fait sa marque de fabrique apparaît l’homme, l’humaniste épris de justice. (...) Redonner un sens à cette valeur humaine est plus qu’un message, c’est une mission que Michael Moore s’est fixée et désigne à l’Amérique. En ce qui le concerne, elle est parfaitement accomplie.
-
Face aux lobbies des compagnies d'assurance-maladie inféodées aux firmes pharmaceutiques, Moore ne prend pas des gants chirurgicaux mais des gants de boxe. Et quand Michael, la bête noire de la Maison-Blanche, se rend au Canada, en Angleterre, puis en France pour décrire de façon idyllique nos systèmes de santé, on voit bien qu'il en rajoute avec une mauvaise foi digne de la plus grossière des propagandes. Mais Moore s'adresse en priorité à ses concitoyens. Bien sûr, le travail de Moore est aisément critiquable, mais ce qu'il dénonce est indéniable et révoltant. Et, surtout, il est le seul à jeter dans la mare des pavés qui ricochent jusqu'aux consciences y compris des mauvaises.
-
Sous forme d'enquête "à la Moore", l'auteur de Roger et moi et de Bowling for Columbine s'en va en guerre en sonnant à la porte des uns et des autres. Le film passe en revue les situationsd' Américains ruinés par leurs maladies ou par des accidents. Plutôt que de demander des explications aux mutuelles américaines, la seconde partie de Sicko fait justement un tour d'horizon des systèmes de santé canadien, anglais et français, littéralement maginifiés. Partie prenante et grostesque lorsqu'il nous fait croire que tous les Français accèdent à l'aide ménagère gratuite, le documentaire n'en expose pas moins de profondes différences.
-
Pour appuyer sa démonstration, Michael Moore - et c'est là qu'il montre les limites de son travail d'enquêteur - s'en va faire un petit tour au Canada, au Royaume-Uni et en France. Et Sicko prend des allures pathétiques. Il faut assister au dîner d'Américains à Paris, tellement heureux de vivre et de se faire soigner en France. Bien sûr, aucun mot sur le trou de la Sécu. Un documentaire fait pour les Américains tant on frise la caricature !
-
Plutôt que de faire le pitre pour étayer une vision du monde manichéenne, on aurait aimé qu'il approfondisse à domicile certaines des idées qu'il ne fait qu'esquisser. La puissance des lobbies par exemple, qui a fait plier Hillary Clinton, jadis fer de lance d'un projet de couverture universelle. Ou encore le verrouillage d'un système qui maintient selon lui les citoyens dans la peur, leur interdisant de manifester dans la rue sous peine de perdre leur emploi, leur assurance-maladie et leur épargne. Mais ce travail, Michael Moore le laisse aux autres.
-
Si l'on admire toujours sa faconde offensive, il élargit hélas son enquête à la France. Et, en terre inconnue, il avance des sottises et surligne son trait. De quoi légitimement déplorer qu'il ait déployé tant d'énergie pour réduire bêtement la portée de son pamphlet.
-
C’est un pays où il vaut mieux être riche et bien portant que pauvre et malade. Un pays, dont les citoyens même couverts par une assurance maladie, ont souvent du mal à être pris en charge même pour de lourdes thérapies. Ce pays, les Etats-Unis, est ausculté par ce bon docteur Moore, lequel, chaussé de gros sabots sur son destrier blanc, dénonce l’inique et corrompu système de santé privé américain. Pamphlet à charge donc avec les cas de quelques malheureux malades venus témoigner. Leurs exemples font bondir tout Français attaché à son service de santé publique : voir le cas par exemple d’un homme aux doigts sectionnés par une machine dont l’assurance ne lui permet d’en greffer qu’un seul, selon ses moyens ou les cancers pas assez avancés ou encore les pauvres expulsés de l’hôpital et jetés sur les trottoirs ! Michael Moore étaye une démonstration parfois pataude, comparant quelques systèmes étrangers idylliques (voir les lauriers dégoulinants tressés au mode de vie français caricatural) ou trop larmoyante, mais emmener « ses » malades à Guantanamo ou à Cuba pour les faire soigner, il fallait y penser ! En dépit des défauts du film, impossible d’oublier que ce système dominé par le lobby des laboratoires, laisse mourir ceux qu’il est censé protéger.