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Un regard perçant qui vous happe pour ne plus vous lâcher et un visage pur traversé par une multitude d’émotions puissamment violentes. Tel est Sibel, l’héroïne de ce troisième film du couple franco-turc Cagla Zencirci-Guillaume Giovanetti (Noor). Une jeune femme muette de 25 ans qui ne communique que via la langue sifflée ancestrale du village turc où elle vit avec son père et sa sœur, mais rejetée par les autres à cause de son handicap. Un personnage solitaire mais jamais victime ou victimisée dans cette région où les femmes vivent pourtant sous la domination jamais contestée des hommes. Sibel va être le grain de sable qui va gripper la machine. Traquant un loup supposé rôder dans la forêt voisine (mais inventé par les hommes pour maintenir encore plus les femmes dans un état de confinement), elle va croiser un fugitif dont le regard va la révéler à elle-même. Elle qu’on cache va devenir source de désir interdit et dangereux. Interdit, car dans ce coin du monde, le statut marital (même forcé) l’emporte sur le reste. Dangereux, car elle ne sait rien de cet homme vu par le village comme un terroriste. Sibel raconte brillamment comment, en découvrant sa féminité, cette femme va révolutionner, non sans douleur, l’ordre des choses dans sa communauté. Les réalisateurs racontent cette naissance/renaissance en allant bien au-delà des notions de bien et de mal. En préférant l’horizon, même faiblement lumineux, à la noirceur étouffante du quotidien. Un beau portrait de femme, interprété par une très grande actrice, Damla Sönmez.