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Quand les furieux de Kourtrajmé (leur boîte de production) font leur premier longtrajmé, quelquechose vous dit que ça ne va pas parler d'arcs-en-ciel et de petits poneys (...) Rosemary's Baby à la ferme en version hip-hop, c'est la proposition alléchante du film de Chapiron condensé inflammable de gore et d'énergie juvénile, bien décidé à saloper les bonnes manières du cinéma français. Parfaitement immature mais pas anodin.
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- Fluctuat
Connu pour sa série de courts métrages branchés (hip hop) au sein du joyeux collectif Koutrajmé, Kim Chapiron réalise son premier long. Une oeuvre bourrée d'intentions mais peu inspirée, transformant un film de potes en une chose hybride plutôt ratée. Dommage, on attendait mieux de cette joyeuse bande qui avait pris l'habitude de faire rimer web et cinéma.
- Lire notre dossier Digima (web + cinéma)Sheitan est un film de branleurs. On aurait préféré utiliser l'expression « film de potes », caractérisant toute entreprise dont les velléités cinématographiques entraînent une relative absence critique, mais non. L'indulgence a ses limites. On ne niera pas avoir trouvé plutôt sympathique la série de courts métrages du collectif Kourtrajmé dont Kim Chapiron est l'un des leaders. Il y a quelques années, un Tarubi l'arab strait ou autre bouffonnerie mises en scène par Chapiron et ses potes, offraient un esprit tchatche de rue parfois désopilant, un filmage DV énergique, roublard et poseur, qui cadraient bien avec le format. Seulement on imaginait mal comment de ces formats très courts basés sur un humour régressif et complice Chapiron pouvait bondir jusqu'au long. La réponse est là en Sheitan, il fait la même chose en court qu'en long (ou presque), et c'est simplement pas possible.Sponsorisé et parrainé par Vincent Cassel, ami de longue date de Chapiron (comme Matthieu Kassovitz), Sheitan n'a pas beaucoup à raconter, encore moins à filmer. Virée improbable de trois potes un peu crétins, assez machos, un brin lascars embarqués avec deux nanas dans la maison de campagne de l'une d'elle, Sheitan cherche laborieusement à se faire une place inédite entre comédie et survival horror. Concrètement le film est en roue libre, enchaînant les scènes dont l'objectif principal est de savoir si les mecs coucheront avec les filles (c'est important dans la vie). Accessoirement Sheitan tend à fondre ses sympathiques losers dans une ambiance « trop chelou » bourrée d'événements et personnages étranges piqués sans inspiration au gré du genre. Le tout justifié par une mise en scène visant l'excès visuel approximatif lors des séquences consacrées.Vincent Cassel dans le rôle du diable
Cette tentative de greffe entre film de potes et effets atmosphériques propres au film d'horreur aurait pu constituer une étrangeté intéressante, une curiosité. N'allons pas si loin, Sheitan échoue sur toute la ligne, il reste un film de branleur cool ayant peine à cacher la pauvreté de ses ambitions et la nullité de sa vision du monde ou du cinéma. Là où il passe mal, c'est dans sa représentation atroce d'une province française composée d'arriérés hideux et autres paysans primitifs cherchant à jouer sur un décalage (on culmine lors de la scène de la source). Le film se révèle (malgré lui peu importe) d'une arrogance, d'un arrivisme voire d'un snobisme crispant. Si dans ses courts Chapiron affectionnait déjà les scènes d'hystérie bourrées de caricatures et autres personnages grimaçants (avec un coté BD passable), le ton passe nettement moins bien ici, même avec Vincent Cassel dans le rôle délirant du diable, au moins. La justification in fine de ce carnaval de gueules et de situations sonnant le coup de grâce d'une oeuvre où grotesque rime avec médiocrité.Que Chapiron incarne aujourd'hui presque à lui seul une transversale entre cinéma et culture hip hop (et urbaine en général) aurait pu faire de lui un certain symbole générationnel. Heureusement il se moque d'être un symbole, malheureusement il n'a pas grand chose à filmer à part ses potes et passé un moment on s'en fout. L'humour lourd et macho trouve très vite ses limites que dans Sheitan on ne dépasse jamais ou rarement. Vincent Cassel a beau nous rassurer de sa présence et signature sur le chèque, nous assurer d'une franche déconnade inventive et sans prétention, du talent d'un jeune de 25 ans à découvrir, faut pas pousser, Sheitan ne montre que la seule volonté de Chapiron et ses amis de faire des films, pas du cinéma. Un jour Chris Marker a dit que Koutrajmé est l'avenir du cinéma français. L'avenir n'est plus ce qu'il était.Sheitan
Un film de Kim Chapiron
France, 2005
Durée : 1h35
Avec : Vincent Cassel, Olivier Barthelemy, Roxane Mesquida...
Sortie salles France : 1er février 2005[Illustration : © Mars Distribution]
Sur le web :
- Le site du film
- Consultez salles et séances sur le site Allociné.fr