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C’est une course contre la montre. Contre le déclassement. Contre l’humiliation de se retrouver à vivre dans la rue. Celle vécue (depuis déjà deux semaines quand le récit débute) par Rosie (Sarah Greene, saisissante) qui a dû quitter avec son compagnon et leurs quatre enfants la maison qu’ils occupaient, le propriétaire ayant décidé de la vendre et le couple n’ayant pas les moyens de l’acquérir. Depuis, chaque journée est un défi. Une fois ses enfants déposés à l’école et alors que son mari travaille, Rosie passe des heures au téléphone pour trouver l’hôtel qui les accueillera le soir même à des conditions financières acceptables. Rosie Davis raconte le quotidien d’une famille au bord du précipice. Mais à l’image de son regard sur la communauté cubaine gay dans Viva, Paddy Breathnach ne s’enferre à aucun moment dans le piège du film purement sociétal. Sa Rosie Davis n’a rien d’un cas d’école. C’est une héroïne en bonne et due forme qui refuse que cette situation angoissante fasse voler en éclats une éducation où l’amour et la ténacité ont toujours primé sur tout. Évitant toute surdramatisation larmoyante, Rosie Davis bouleverse par la dignité de cette femme et son refus de toute concession, y compris d’aller installer sa famille chez sa mère quand cette dernière lui demande de retirer ses accusations sur son père à la main plus que baladeuse. On vit son combat de mère courage dans une tension permanente, et on ne cesse d’espérer qu’il y aura de meilleurs lendemains. Un tour de force.