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Parce qu’il a toujours été beaucoup moins idiot qu’on ne voulait nous le faire croire, Stallone sait pertinemment que ce sixième Rocky part avec un sérieux handicap. Un boxeur de soixante ans qui remonte sur le ring pour se prouver qu’il n’est pas encore mort? Absurde. C’est pour cela que le véritable sujet du film est ailleurs: dans l’autre combat, hors du ring, qui oppose un homme aux ravages du temps. Sly fait sa crise de la soixantaine sur grand écran, règle ses comptes avec Hollywood, et prouve qu’il faut encore compter avec lui. (…). Attachant, désarmant, improbable, comme ce sixième film qui se pose en digne héritier du premier. Belle victoire.
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On croyait Rocky à terre. On avait tort. Si Rocky Balboa part avec un lourd handicap (un boxeur de soixante piges qui remet les gants – mais oui…), il finit par mettre le spectateur KO. Gavé d’anabolisants, remonté à bloc, la machine Rocky repart : pas sur le mode du triomphalisme réac des années 80/90 (Rocky III, IV, V), mais sur un mode mélancolique et sombre. En regardant dans les yeux son personnage face à la mort, aux ombres et au vieillissement, Sly devrait faire chialer les plus costauds. Vous pouvez toujours tenter de le trouver ringard et pathétique (on a essayé) : Rocky est simplement terrassant… On en reprendrait bien un VII.
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- Fluctuat
Pour Sylvester Stallone, en finir avec Rocky c'est faire de son obsession du temps perdu le sujet même de son dernier volet, sa grande problématique. Rocky Balboa est ainsi une immense oeuvre nostalgique, une dernière leçon de psychanalyse aux poings qui ne cesse de revisiter sa propre histoire, son mythe, depuis le présent.
- Echangez vous impressions sur le forum Rocky BalboaComment revenir en 2006 sur une figure qui vous habite aussi intensément, un personnage si fort qu'il est devenu un mythe, un concept ? Pour Sylvester Stallone, la réponse est simple : faire un film, un nouvel épisode à Rocky, c'est faire une psychanalyse, se décider enfin d'aller au bout. Replié sur soi plus que jamais, Rocky Balboa est l'ultime épisode de l'obsession du temps perdu. Dès l'ouverture, le premier dialogue, le ton est donné : «le temps passe si vite». Ainsi tout le film est hanté par le souvenir, la nostalgie, la mort et le vieillissement. Rocky erre dans les décors en ruine des précédents films, il visite ses propres vestiges aux bords des larmes, pleure Adrian disparue. Autour de lui ses proches subissent les fantômes de son passé, son fils étouffe sous l'ancienne gloire de son père, Paulie craque nerveusement devant le ruminement aliénant de son beau-frère qui radote.Comment se réconcilier avec soi-même et sa propre histoire, oublier cette jeunesse et son image ? C'est tout le projet de Rocky Balboa, qui désormais se soucie moins de vanter des valeurs athlétiques, d'organiser de belles chorégraphies, que de se battre contre le temps lui-même. Rocky s'impose bien comme le garant idéal et parfois un peu réac d'une autre époque avec des valeurs plus dignes (quelques laïus et scènes opposant son intégrité morale à la dégénérescence du présent), mais au fond ce qui le mène à combattre contre le nouveau champion du monde, c'est d'abord lui-même, pas l'époque. La totalité du combat final en étant l'illustration parfaite : Stallone préfère la confusion du montage, sa forme kitsch, où se succèdent des images du passé dont son personnage tire l'énergie pour la victoire, qu'insister sur la force spectaculaire du match. Prendre des coups comme métaphore de la vie, c'est d'abord un message qu'il s'adresse à lui.Rocky Balboa clôture ainsi la série en étant l'épisode le plus théorique. Immense projet réflexif inédit, le temps devient ici le sujet, la matière première, et la nostalgie, le souvenir, la problématique. Stallone règle son narcissisme, il vient voir une dernière fois sa propre image en réorganisant les conditions de sa gloire passée à l'identique (toute la structure essaie de répéter le premier film). Jamais nous n'aurons assisté à projet de cinéma aussi unique dont la dimension autobiographique se nourrit d'abord de sa propre histoire. Histoire d'un auteur mais surtout des images, leur manière d'exister et de fonder quelque chose pour un homme ne vivant que dans l'ombre de ce qu'il a fondé. Histoire d'un film qui n'existe que pour et par les précédents, qui le définissent et à partir desquels il s'invente.Pour boucler enfin la boucle, Rocky Balboa est l'épisode où l'affirmation du mélo s'impose avec la volonté la plus haute. Rocky ne vit qu'avec l'image d'Adrian. Du premier au dernier plan sur sa tombe, le film est habité par sa trace, son deuil, définissant à force l'image de son héros comme un sentimental, un grand romantique. Jamais aussi pur et transparent, habité d'une bonté et d'intentions qu'il croit toujours légitimes, Rocky reste l'homme fidèle d'une seule âme. Sa quête métaphysique et son obsession constante du retour aux sources («on devient l'endroit où on vit» dit-il) devenant ici l'aboutissement discursif de l'oeuvre, son entière dialectique. Avec Rocky Balboa, Stallone signe l'épisode de la réconciliation, le dernier volet où s'illustre explicitement ce traumatisme cinématographique sur lequel il faut désormais tourner la page. Tout cela n'aura été ici peut-être qu'un prétexte, mais ce serait oublier que Rocky n'existe que dans ces conditions, celle d'une répétition, d'une quête désespérée de l'image où s'était cristallisée la grâce d'une icône populaire.Rocky Balboa
Réalisé par Sylvester Stallone
Avec Sylvester Stallone, Antonio Tarver, Burt Young
Etats-Unis, 1h45 - 2005[Illustrations : © Twentieth Century Fox]
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