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Au final, il y a une bonne et une bonne nouvelle. On commence par la bonne ? Scott a le bon goût de ne jamais bégayer son péplum oscarisé. L’autre, c’est que Robin des Bois se pose très vite comme le haut du carquois de la production estivale US et comme ce que le réalisateur a fait de mieux depuis La Chute du Faucon Noir. Une aventure médiévale d’une densité assez folle qui convoque aussi bien L’Odyssée d’Homère (l’histoire d’un homme qui retrouve sa patrie après le conflit) que Le Retour de Martin Guerre (il intègre une communauté en se faisant passer pour un autre), tout en réinventant sa propre mythologie, celle du hors-la-loi qui dépouille les riches pour nourrir les pauvres. Le scénario de Brian Helgeland (L.A. Confidential), étoffé par des pointures du théâtre anglais (Tom Stoppard, Paul Webb), est d’une dextérité à toute épreuve, jonglant brillamment avec tous ces thèmes et une foule de personnages qui possèdent chacun leur propre arc narratif. Logique que les 2 h 10 du film filent comme une flèche.
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par Benjamin Rozovas
Russel Crowe est (encore) le simple soldat qui prend conscience de son destin dans la tourmente, l'arme fatale et roudoudou d'un script où se télescopent les références mythologiques (de Martin Guerre à l'Odyssée). Chaque mouvement de cinéma est plus inspiré que le précédent : une passation de pouvoir dans un couloir, un insert sur un chien écrasé au milieu d'une bataille, le corps de Cate Blanchett qui cnacelle à la faveur d'un plan séquence...
Au final, un divertissement qui n'oublie pas le second degré, notamment lorsque le couple danse sur la version celtique et troubadour de If I Could Find Words. Kitsch, mais irrésistible.
L'amour ou la guerre, nos héros ont fait le choix de s'adonner aux deux. Les tête-à-tête du couple Russell Crowe-Cate Blanchett dépotent donc tout autant que les scènes de combat, un domaine dans lequel Ridley Scott excelle tout particulièrement. En choisissant de se pencher sur les origines de l'histoire, le cinéaste a pris le parti de montrer l'Angleterre médiévale comme un pays brutal où il ne faisait pas vraiment bon vivre.
Cet amoureux du Moyen Age livre des séquences en forme de tableaux sublimes où chaque détail fleure bon l'étable, la trahison et le sang fraîchement versé. Il est vivement recommandé de rester jusqu'au magnifique générique de fin, petite merveille d'animation. A l'âge de 72 ans, Ridley Scott est toujours aussi vert que le costume de Robin des bois. Il offre au spectateur un divertissement somptueux et ouvre les festivités cannoises sur une note très vigoureuse.
Conteur émérite, Ridley Scott alterne scènes intimes et batailles à grand spectacle. A lui seul, le débarquement du roi frenchy Philippe sur les côtes anglaises a mobilisé 1 500 acteurs et techniciens pendant deux semaines, sous l’oeil de onze caméras et d’un hélico. « C’était Ben Hur… en plus grand », plaisante Russell Crowe dans le dossier de presse. L’impressionnant Maximus de « Gladiator », dont c’est la cinquième collaboration avec Scott, impose encore une fois sa sobriété virile, pas dénuée d’humour ni de charme. Il est même permis de prendre autant de plaisir (si ce n’est plus…) à son idylle avec Marianne qu’à ses faits d’armes.
Attention, la cote de maille est recommandée pour assister à la projection de cette aventure qui, par ses aspects historiques, est bien plus sombre que les versions hollywoodiennes avec Errol Flynn ou, plus près de nous, avec Kevin Costner, et assurément moins tendre et romantique que l’inoubliable « La Rose et la flèche » réalisé en 1976 par Richard Lester avec Sean Connery et Audrey Hepburn. Mais ce Robin des Bois du 21e siècle n’en demeure pas moins un bon moment de cinéma d’aventure et d’action.
Une plongée violente et réaliste, exempte de toute emphase, dans la guerre au Moyen Age, déjà au coeur de son Kingdom of Heaven. La suite se révèle beaucoup plus convenue et le souffle n'a rien de décoiffant, à l'image des combats plutôt décevants.
Une fois de plus, Ridley Scott n'a pas résisté à la tentation de l'accumulation, et Robin des bois (le personnage, le mythe, le plaisir de la rébellion) disparaît un peu derrière ces considérations sérieuses, ce déploiement de science historique et de moyens matériels. Mais comme il finit enfin par apparaître, armé de pied en cap, juste avant le générique de fin, on se promet d'attendre la suite, qui viendra si vous vous rendez en masse au cinéma.