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Dominika, danseuse étoile blessée sur scène, est recrutée par le KGB pour devenir un super-agent secret, afin d'embobiner un espion de la CIA sur le territoire russe. Trahisons, coups de feu secs, coups doubles et bien fourrés dans le glacis ex-soviétique : on est en terrain connu, mais la particularité frappante de Red Sparrow est de pousser les curseurs bien loin dans le rouge en tout ce qui concerne la nudité et la violence, filmés plein cadre, sans aucun fard. On ne peut pas vraiment lui reprocher, puisque c'est le sujet du film ; Dominika subit un entraînement sexuel poussé -mené par Charlotte Rampling elle-même, qui s'amuse bien en Madame Claude popov- pour devenir un « moineau rouge » capable de séduire et éliminer les espions ennemis à l'Empire russe. En résumé, c'est comme si le duo Lawrence (Francis le réalisateur et Jennifer la star) jouaient à éloigner le plus possible Red Sparrow du paradigme numérique des derniers Hunger Games, qui leur ont apporté fortune et gloire. Nous voilà plongés dans un monde ocre et froid, dans lequel se meuvent des marionnettes de chair enfermées par de lents mouvements de caméra. Sur le terrain du thriller mental post-Guerre froide (ou même sur celui du récit de la reconquête de son woman power par une femme blessée, incarnée par une Jennifer Lawrence au sommet de ses moyens), Red Sparrow ne convainc que partiellement, mais du point de vue du cinéma, Francis Lawrence retrouve ici un peu sa veine joliment décoratrice et prenante de son beau Constantine.