Toutes les critiques de Queen Size Bed

Les critiques de Première

  1. Première
    par Aline Paulhe

    Gros succès à domicile pour l'espagnol Queen Size Bed, d'Emilio Martinez Lazaro: petite comédie romantique relevée sauce piquante. Deux couples, hétéros à la base, clashent quand les deux femmes révèlent l'amour qu'elles se portent. Tous se retrouvent, dès lors, dans une confusion sexuelle totale. Charmant dans l'ensemble malgré les inutiles scènes de comédies musicales.

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    Impossible de dire non à une telle comédie romantico-sexuelle ibérique. On dit oui, rien que pour sa poignée de fabuleux moments de rire. Parce qu'une poignée de rires de cet acabit, des rires vrais, sur des questions qui voient juste, on n'en rencontre pas tous les jours. Et ça fait un bien fou !
    Pedro aime Raquel, qui aime Pedro mais aime Marta, qui aime Raquel mais va se marier avec Javier. Dans leurs bons potes, Rafa forme un couple en apparence parfait avec Pilar, et Carlos est (en apparence) célibataire. Dernière de la bande, Carlota, rencontrée dans un bar, aime boire un pti coup et plus si affinités. Mais qu'est devenu le vaudeville au XXIème siècle ? C'est bien ça la question. Romance, comédie, ok. Jusque là les ingrédients sont classiques. Ajoutez-y une dose d'identité sexuelle, un brin de mélange des moeurs, une bonne ouverture d'esprit, un max de calor, et pour finir faites-en des danses et des chansons. Le résultat, c'est Queen size bed. C'est espagnol, drôle, frais, et surtout ça OSE. Ici, le plus soft c'est l'adultère. Pour le reste, entre filles, entre mecs, en trio, tout y passe et tout est possible, pas de tabou. Un premier point qui fait du bien. Mais n'y cherchez pas du sulfureux bas de gamme ou des séquences émoustillantes, ça n'est vraiment pas le propos. Le no limit prend avant tout la forme d'une totale liberté dans le ton comme dans le sujet, qui met une claque magistrale au politiquement correct hollywoodien.Le couple en questionAu coeur du film, la question du couple et des relations amoureuses est hachée menu. Emilio Martinez-Lazaro s'ingénie à peindre les clichés pour les démonter, tout en appuyant sur les points sensibles qui parlent à tous : l'érosion du couple, le contraste entre les apparences et le privé, l'étroit lien qui noue la peur de l'engagement à l'envie d'aimer longtemps, l'absence de recette miracle pour durer, les doutes des unes et ceux des autres, la jalousie mâtinée d'envie de tromper, le désir éteint, vif ou policé, le mariage face à l'idée qu'on se fait de la liberté… La réflexion est foisonnante, la bonne idée étant de proposer une richesse de possibilités sans prétendre apporter de solution toute faite.
    Au passage, la Femme moderne, avec un grand F, se fait tirer un portrait sans vernis. Lucide, cynique, tendre et désorientée à souhait, le réalisateur a placé devant la caméra toutes ses impressions en vrac. Sa Femme donc est belle et désirable, incompréhensible et inaccessible, mère potentielle et amante quotidienne, douce et pleine de poigne, irrésistible et insupportable, amoureuse et inconstante. Oui, ça fait beaucoup, mais encore une fois c'est dans le foisonnement que Queen size bed développe son point de vue. Est-Elle tout ça ? Sont-elles toutes comme ça ? Rien n'est faux, rien n'est vrai, c'est une démonstration où chacun peut piocher et tout le monde est content. Et comme c'est une comédie, ce genre de contorsion du raisonnement passe à merveille.Rire etcParce que c'est une comédie, donc, et en plus c'est drôle. Alors que ça n'était pas gagné. Après un début un brin téléphoné, le film trouve son rythme et le scénario joue efficacement la carte du plus c'est fou plus on rit. Jusqu'à l'énorme voire l'absurde, les scènes s'enchaînent et les situations rocambolesques se multiplient. Pas de retenue dans le portrait des personnages, pas de retenue dans le jeu des acteurs non plus. Si bien que sur ce plan, la réussite est totale et le bonheur équivalent : les élans fantasques de l'excellent casting ne tombent jamais à côté de la plaque, chacun trouve sa bonne place, l'attitude et l'intonation qu'il faut, jusque dans les positions les plus invraisemblables. Alors le hic ? Les hic ? Un peu longuet : en élaguant un petit quart d'heure, le film aurait tout gagné. Et puis, on peut ne pas accrocher aux séquences en danses et en chansons, façon comédie musicale un peu rigolarde pas complètement assumée. Et comme il y en a une honorable quantité, on peut se lasser. On peut. Ou pas. Queen Size Bed
    De Emilio Martinez-Lazaro
    Avec Ernesto Alterio, Alberto San Juan, Pilar Castro
    Sortie en salles le 31 octobre 2007Illus. © We & Co
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  2. Le Monde
    par Thomas Sotinel

    (...) il faudra supporter les tribulations invraisemblables de cinq jeunes (enfin, entre trente et quarante ans) gens qui sont sur le point de se marier, hésitent, et s'emploient avec une rigueur toute arithmétique à additionner toutes les combinaisons possibles, sans considération de genre. C'est sans doute là que l'on trouvera le seul mérite du film : il démontre que la transgression d'un interdit (ici les garçons couchent ensemble, tout comme les filles) ne suffit pas à rendre une histoire moderne ou intéressante : plus que la bisexualité des personnages, on se souviendra, si l'on fait l'erreur d'aller voir Queen Size Bed, des portes qui claquent, de la maîtresse cachée au fond de la baignoire - de tous les ingrédients du plus conformiste et du plus ennuyeux des vaudevilles.