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Rien de neuf dans ce blockbuster-catastrophe sans âme, à consommer comme une soirée au Luna Park: on connaît ça par coeur, c'est complétement dépassé, mais certaines attractions fonctionnent toujours bien. En l'occurrence, ici, les scènes d'action. Destructrices, masochistes ou claustrophobes, elles révèlent une disposition à regarder la mort en face et interviennent métronomiquement pour empêcher le film de prendre l'eau.
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Échec en puissance en tant que film catastrophe, Poséidon ne répond en rien aux exigences d'un public en attente d'un renouveau du genre. Pourtant, si le nouveau film de Wolfgang Petersen n'apporte pas grand chose au cinéma, il se pourrait bien qu'il éclaire un peu le jeu vidéo...
Il fallait un minimum d'humour à Wolfgang Petersen pour tourner Poséidon après Troie. Pourtant, il a osé. Dorénavant estampillé spécialiste des éléments aquatiques après Le Bateau et En pleine tempête, cela ne lui pose aucun problème, l'eau il aime ça. D'ailleurs il ne se pose pas vraiment de question. Il fait seulement en sorte que son dernier film tienne debout, qu'il ait un rythme, de l'action, des effets spéciaux. On se demande même comment un tel film a pu être mis en chantier à notre époque, tant il paraît être hors de toute mode.C'est là tout Poséidon, un remake d'un film de 1972 (L'Aventure du Poséidon de Ronald Neame) qui en apparence n'est rien de plus qu'un film catastrophe parfaitement conforme à ceux qui l'ont précédé. A la limite, il en est une synthèse, une épure, et, forcément plus gênant, une caricature. Ce qui le rend presque intéressant, pris avec un minimum de distance et de curiosité. De son ouverture en plan séquence techniquement spectaculaire qui pose le décor, à la découverte des personnages brossés en quelques minutes, en passant par les multiples pièges auxquels ils sont confrontés au fil de leur survivance en milieu hostile, rien ne déroge au déjà vu. C'est toujours la confrontation entre la nature qui nous domine et notre intelligence qui finit par la maîtriser ; l'éternel bilan de compétences des uns et des autres entrecroisé de grandes déclarations d'amour solennelles face à l'adversité ; les systématiques morceaux de bravoure où les personnages se révèlent dans l'action ; le méthodique sacrifice du casting où les seconds rôles et têtes d'affiche moins populaires meurent en premier.Un film catastrophe en temps réel
Difficile donc de trouver à Poséidon la moindre singularité, si ce n'est peut-être de réussir à ramasser l'action en la condensant au maximum, de tenter presque le premier film catastrophe en temps réel. Cette unique proposition donne un rythme nécessairement effréné où les habituelles divergences des personnages sont constamment coupées dans leurs élans. Sans être d'une grande intensité, ce parti pris de sacrifier le récit à la mise en espace d'une architecture constamment hostile (où les morts violentes s'enchaînent) confère à Poséidon une logique proche du jeu vidéo. Difficile de ne pas penser alors que l'essence du jeu de plate-forme serait aussi à chercher du côté des films catastrophe. Il s'agit toujours de passer d'une pièce ou d'un étage à l'autre pour trouver la sortie, de déjouer des pièges en trouvant des solutions adaptées aux problèmes, le plus souvent à partir d'un objet ou d'un bouton sur lequel appuyer. Chaque nouveau décor recèle sa spécificité, l'eau, le feu, l'air, une porte close. Cette articulation en niveaux et passages secrets, très inscrite dans le jeu vidéo, Poséidon la reproduit de manière fidèle (il faut ainsi trouver la carte du bateau pour pouvoir s'extraire de son épave retournée).En radicalisant le canevas du film catastrophe, Petersen ne renouvelle pas le genre, mais nous permet de mieux jauger les influences du cinéma et du jeu vidéo l'un envers l'autre. Si cela n'en fait pas un meilleur film (certaines scènes sont hilarantes de bêtise ou de naïveté), cette approche très schématique crée un objet à la fois désuet et contemporain. Tout cela sans doute bien malgré lui et les intentions réelles de son réalisateur, mais après tout, c'est comme ça que le cinéma existe.Poséidon
Un film de Wolfgang Petersen
USA, 2006 - 99min
Avec : Josh Lucas, Kurt Russel, Richard Dreyfuss, Jacinda Barett, Mia Maestro, Kevin Dillon
Sortie en salles (France) : 14 juin 2006[Illustrations : © Warner Bros. France]
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