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Après Frankie, son premier long métrage, Fabienne Berthaud adapte un de ses romans à l’écran. Tourné avec une superbe photo naturelle, le film dégage une poésie baroque de plus en plus lumineuse qui doit beaucoup à l’univers de Lily. Lily la dingue ou la demeurée habille la forêt, fait des installations dans la nature, coud des slips en fourrure d’écureuil. Une cousine de la Miss Ming de Mammuth, en somme. Hélas, dépassée par sa fascination pour « l’anormalité », la réalisatrice perd souvent le fil de son film, confondant liberté et inconscience dans cette ode naïve à la différence. Question de point de vue, évidemment, mais on ne peut s’empêcher de voir dans la « liberté de corps » de Lily un viol collectif permanent. Si elle ne tombe jamais dans le ridicule, Ludivine Sagnier semble peut-être maintenant trop « vieille » pour jouer les femmes enfants. L’interprétation tout en nuances de Diane Kruger, dans le rôle de l’aînée à qui l’on n’a jamais laissé le choix d’être déraisonnable, fait beaucoup de bien au film.
Toutes les critiques de Pieds Nus Sur Les Limaces
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Pieds nus sur les limaces porte un titre peu ragoutant qui ne dit pas d'emblée la force de l'univers poétique de ce très joli film.
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A l’arrivée, laquelle des deux y gagnera vraiment ? Fabienne Berthaud, cinéaste à la marge et de la marge, crée un petit monde frappadingue, doux et sensuel qui prend pour cible les lieux communs (ici débités par les belles-mères et gouvernantes), célèbre la vie et la mort, plaide pour le bonheur de lâcher prise, main dans la main, au soleil. Elle livre au passage un document sur deux actrices à égalité en totale liberté : Diane Kruger et Ludivine Sagnier.
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Si le film peine à représenter le monde extérieur à la folie (en le réduisant à ses manifestations les plus basiques), il réussit plutôt le portrait des deux sœurs. A la chasse aux fantômes se substitue alors le bricolage d’une vie à deux, faite de disputes, réconciliations, grattages de dos dans le bain, meringues grignotées et abandonnées quand le cœur n’y est plus, licenciement des hommes et des souvenirs pénibles, affranchissements intérieurs.
Dans le genre “Vol au dessus d’un nid de cocottes” (des folles filmées par une femme), la sensibilité opère lorsque le film abandonne la bimbeloterie “cinéma indie” pour la nudité des face-à-face entre les deux sœurs. -
Son héroïne (Diane Kruger, parfaite) voit sa vie rangée exploser dans la confrontation avec sa soeur (Ludivine Sagnier, étonnante), inadaptée à toute vie sociale. La réalisatrice fait de cette intrigue classique un feu d'artifice émotionnel. Un objet rare et précieux.
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Fabienne Berthaud, réalisatrice de l'attachant Frankie, s'est offert un beau duo d'actrices pour Pieds nus sur les limaces. Diane Kruger dans la peau d'une femme malheureuse, Ludivine Sagnier dans celle d'une simplette en phase avec la nature.
Le film a beau être très personnel, il est facile de laisser emmener pour un voyage cruel en compagnie de ces deux sœurs évoluant dans une campagne sublimée.
La description subtile du lien unissant ces êtres si différents malgré leurs origines communes fascine par sa justesse. Comme en osmose avec ses comédiennes, Fabienne Berthaud émeut tout en douceur. -
Confrontation de deux déséquilibres, Pieds nus sur les limaces est aussi l'histoire d'une conversion.
Mais la réussite de ce film qui n'est pas sans évoquer les débuts de Jane Campion (Sweetie, Un ange à ma table) tient aussi à sa luminosité, à la dextérité d'une caméra jamais figée, à l'univers esthétique de Lily auquel la plasticienne Valérie Delis a donné un style, une cohérence. Les photographies de Francesca Woodman, Cindy Sherman et Marie Ellen Mark ont servi de référence pour cerner le profil de l'ingérable Lily.
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Si Diane Kruger réchappe du jeu de massacre, Ludivine Sagnier se coupe au double tranchant d'un rôle d'autiste au bon coeur. A partir du moment où l'on trouve sa prestation surfaite, frisant plus d'une fois le ridicule, on passe à côté d'un film qui devrait dessiller nos yeux de piètre cynique pour redécouvrir le monde dans une lumière inédite.
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Un film bancal, poétique, sensuel, une ode à la différence qui méritait aisément quatre étoiles... sans Ludivine Sagnier au casting. (...) Avoir trente ans et devoir jouer une fille qui en a cinq dans sa tête est le type même du rôle casse-gueule.(...) Berthaud est une cinéaste à suivre. Quant à Ludivine, je te le dis quand même : je t'aime. Mais lâche ta tétine au moins une fois, pour voir.
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Un film empreint de sensibilité, d’une justesse rare et de moments de poésie, qui doit beaucoup à l’interprétation du tandem Kruger-Sagnier.
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Le film a le côté brut, instinctif, mais aussi, parfois, la naïveté irritante de son héroïne. Il tient par l'affrontement, d'abord doucereux, puis violent, entre les deux soeurs en deuil, dont l'une a toujours fait ce qu'on attendait elle, et l'autre, jamais. Le schématisme guette : le bonheur est dans le pré, la déprime dans les bureaux et les trois-pièces parisiens ? Grâce à Ludivine Sagnier surmontant à vue les périls de son rôle chargé, et, plus encore, grâce à la finesse de Diane Kruger, qui transcende sa partition modeste, le méli-mélo des retrouvailles existentielles a du charme, de la sève. Même un épilogue de pacotille ne parvient pas à ruiner cette alchimie établie entre les deux actrices, entre les deux personnages, contre la terre entière.
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Le scénario est théorique, jamais pulsionnel, et repose sur des figures féminines caricaturales. Quant à la mise en scène, dégoulinante de pseudo-poésie exhibitionniste, elle tue dans l'oeuf tout mystère et émotion.