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Joann Sfar avait affirmé son statut d’auteur au cinéma avec un biopic pas comme les autres sur Serge Gainsbourg et son polar shooté comme un giallo, La Dame dans l’auto avec des lunettes et un fusil (2015). Succès et César pour le premier, flop sévère pour le deuxième. Est-ce que redonner vie sur grand écran à sa BD Petit vampire serait une tentative de se refaire ? De jouer la sécurité ? Pas vraiment, puisque comme nous l’explique l’intéressé page 68, c’est un projet de très longue date (la BD d’origine a commencé en 1999) qui a été réactivé grâce à un producteur motivé. Et quand bien même : les retrouvailles avec le bestiaire de Sfar sont réjouissantes. Un prologue palpitant à base de duel, de bateau pirate fantôme et de dieu du chaos donne le ton : voilà un vrai film d’animation bourré d’idées, qui prend son temps, porté par une excellente bande originale (c’est suffisamment rare pour qu’on le souligne) et qui concentre l’éternelle obsession de son auteur : mélanger les monstres et les légendes pour les remodeler, les dévorer et les recréer. On y croise un capitaine-squelette honorable et paternel, un mini-monstre de Frankenstein trouillard nommé Marguerite, un chien rouge qui parle avé l’assent, une figure de proue rêveuse appelée Bois dormante et le plus mignon des vampires jamais vus. À mordre à pleines dents, sans hésitation.