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A cause de sa légèreté et de son apparente désinvolture, on serait tenté de qualifier le dernier film de Jim Jarmusch de mineur. Mais ce serait probablement autant une erreur que de prendre pour de l'ironie l'humour à froid du new-yorkais. Il se livre ici à une réflexion amusée sur les rapports entre l'art et la vie quotidienne, le professionnalisme et l'amateurisme, la poésie et la prose. Le procédé est très simple : la vie de Paterson, un conducteur de bus, est réglée comme du papier à musique. Le matin il se rend au dépôt, subit un dialogue de sourds avec un superviseur, puis conduit toute la journée en écoutant les conversations des passagers. Le soir, avant d'aller promener son chien et boire des coups au bar local, il écoute sa femme, la jolie Golshifteh Farahani, lui raconter ses dernières créations, qui consistent à se confectionner des robes, repeindre la cuisine, ou cuisiner des cupcakes, la plupart du temps en noir et blanc.
Voyage sur place
Paterson est divisé en autant de chapitres qu'il y a de jours dans le semaine, chacun rythmé de la même façon. Chaque jour, la même trame se déroule, mais avec des variantes, comme une fugue. La répétition, motif obsessionnel, se manifeste de multiples façons, à commencer par les apparitions sporadiques de jumeaux. Elle peut même prendre une dimension métaphysique, au sens karmique : Paterson est le nom du personnage joué par Adam Driver. Mais c'est aussi le nom de la ville où il habite et avec laquelle il se sent en symbiose au point d'attacher une importance extrême aux célébrités qui en sont originaires : musiciens, stars de cinéma, et poètes. Lui-même écrit des poèmes que personne ne lit, mais qui posent implicitement une question existentielle : est-il un poète qui conduit des bus pour vivre, ou un conducteur de bus qui écrit de la poésie à ses heures perdues ? La réponse importe peu, mais elle semble guider Paterson dans ses recherches, tout au long de ce voyage sur place, et qui finit par une rencontre décisive avec un poète japonais (joué par Masatoshi Nawase, vu précédemment dans Mystery train, encore une répétition). A défaut de conclusion, on en retiendra cet aphorisme irrefutable : "Traduire de la poésie, c'est comme prendre une douche avec son imperméable".
Comme d'habitude, Jarmusch garde un sens très sûr de la bande son parfaite, d'une photo élégante (signée Fred Elmes), et d'une direction d'acteurs idéale : Golshifteh Farahani rappelle les actrices de sa période noir et blanc, et Adam Driver a l'air d'être né pour ce rôle.
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À cause de sa légèreté et de son apparente désinvolture, on serait tenté de qualifier le dernier film de Jim Jarmusch de mineur. Mais ce serait probablement autant une erreur que de prendre pour de l’ironie l’humour à froid du New-Yorkais. Celui-ci se livre ici à une réflexion amusée sur les rapports entre l’art et la vie quotidienne, le professionnalisme et l’amateurisme, la poésie et la prose. Le procédé est très simple : la vie de Paterson (Adam Driver), un chauffeur de bus, est réglée comme du papier à musique. Le matin, il se rend au dépôt puis, après avoir échangé un dialogue de sourds avec son superviseur, il conduit toute la journée en écoutant les conversations des passagers. Le soir, avant d’aller promener son chien et boire des coups au bar local, il écoute sa femme (Golshifteh Farahani) lui raconter ses créations, qui consistent à se confectionner des robes ou cuisiner des cupcakes souvent en noir et blanc.
L'art poétique de Jarmusch
Le film est divisé en autant de chapitres qu’il y a de jours dans la semaine, chacun rythmé de la même façon. La répétition, motif obsessionnel, se manifeste de multiples façons, à commencer par les apparitions sporadiques de jumeaux. Elle peut même prendre une dimension métaphysique, au sens karmique : Paterson est le nom du personnage, mais c’est aussi celui de la ville où il habite et avec laquelle il se sent en symbiose au point d’attacher une importance aux célébrités qui en sont originaires. Lui-même écrit des poèmes que personne ne lit, mais qui posent implicitement une question existentielle : est-il un poète qui conduit des bus pour vivre ou un conducteur de bus qui écrit de la poésie à ses heures perdues ? La réponse importe peu, mais elle semble guider Paterson dans ses recherches, tout au long de ce voyage sur place, qui finit par une rencontre décisive avec un poète japonais (Masatoshi Nagase, vu dans Mystery Train, encore une répétition), dont on retiendra cet aphorisme irréfutable : « Traduire de la poésie, c’est comme prendre une douche avec son imperméable. » Même si l’idée de cette histoire remonte à une trentaine d’années, sa réalisation est le fruit de l’expérience acquise entre-temps. En s’interrogeant sur les mystères de l’inspiration et de l’écriture, Jim Jarmusch livre une oeuvre de maturité qui pourrait bien constituer son art poétique.
Toutes les critiques de Paterson
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Jim Jarmusch a clairement composé un poème, un film-haïku, d'une simplicité et d'une puissance remarquables, candidat déclaré à la Palme d'or.
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Une merveille absolue !
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Paterson n’est sans doute pas un immense chef-d’oeuvre mais un film bourré d’un charme infectieux qui dit que la vie peut être pacifique pour peu qu’on sache faire son miel de ses secrètes beautés quotidiennes
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Un film inattendu et réjouissant de Jim Jarmusch.
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Jim Jarmusch montre la poésie du quotidien, le charme de la routine, mais on s'ennuie. Le film peut toutefois prétendre à une palme : Marvin, le bouledogue anglais du couple, mérite haut la patte la Palm Dog,
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Jarmusch renoue avec le minimalisme de ses premiers films, pour tenter de saisir ce moment où le réel se cristallise pour devenir œuvre d’art.
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Paterson n’est ni une tranche de vie drôlatique ni une lecture poétique d’un quotidien a priori monotone. Paterson n’est qu’un collage d’images et de saynètes qui eussent tout aussi bien alimenté un court métrage ou un album photo.
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Le risque de construire son film comme un semainier, c'est qu'arrivé à mercredi, le spectateur commence à trouver le temps un peu long. Et ça n'a pas loupé.