Toutes les critiques de Parthenope

Les critiques de Première

  1. Première
    par Gael Golhen

    Paolo Sorrentino vient donc de signer son Mépris. Rien que ça. Sur le papier, le cinéaste raconte sur une vingtaine d’années la vie de Parthenope, jeune napolitaine à la grâce et à la jeunesse fulgurantes, qui va tenter de comprendre le pouvoir de son charme (dans tous les sens du terme). Certains ont trouvé cela renversant, d’autres laid. A Cannes, notamment, où il revenait en compétition, l’Italien s’est pris le mur des critiques. On lui reprochait de s’extraire de tout contexte social et politique. Ou bien de ne pas avoir compris l’élan #Metoo qui fait que le cinéma ne peut plus être seulement le “fait de faire faire de jolies choses à des jolies filles”. C’est juste, mais c’est aussi refuser de voir que le film va bien au-delà. Condensé de l’art sorrentinien, Parthenope est à la fois une fable existentielle (quel est le prix de la beauté ? Est-ce une malédiction ou un pouvoir ? Et qu’est-ce que cela révèle des hommes ?), un mélo déchirant, une ronde de personnages plus intrigants les uns que les autres et une lettre d’amour à Naples et au cinéma. C’est au fond un film-monde, un voyage - une odyssée - temporel qui synthétise les deux pans du cinéma de l’artiste. Le portrait de groupe quasi civilisationnel et les questionnements intimes et métaphysiques d’un homme assoiffé d’absolu. Accessoirement, le film comporte les deux plus belles scènes vues en ce début d’année : l’apparition du personnage principal (incarnée par Celeste Dalla Porta) et une séquence de suicide littéralement bouleversante.