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Avec Paranoid Park, Gus ajoute, certes, une pierre de choix à son édifice esthétique perso: filmer un certain état de l'adolescence américaine aux prises avec un monde adulte étranger et hostile. L'attention prêtée aux mouvements des corps, à leurs inscription dans l'espace urbain relève à la fois d'un extrême réalisme et d'une abstraction radicale tant le regard de Van Sant est celui d'un peintre épinglant sur sa toile singulière une collection de gestes et de sensations.
Toutes les critiques de Paranoid Park
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Depuis quelques films, la splendeur du cinéma de Gus Van Sant, mélange de sophistication formelle et de limpidité émouvante, est la consolation, la réponse du réalisateur au tragique de l'existence (suicide du jeune Kurt Cobain dans Last Days ou tuerie du lycée de Columbine dans Elephant). Une bulle de beauté, à l'abri de tout. Aujourd'hui, Gus Van Sant met en quelque sorte cette fuite contemplative en question avec un portrait d'ado ayant perdu ses repères dans un bel univers de substitution. Paradoxe, l'alerte prend de nouveau une forme infiniment séduisante. De toute évidence, le cinéma est le « parc » de Gus Van Sant. A chacun de trouver le sien. Mais aussi de savoir en revenir.
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Toutefois, à la différence de ses lointains cousins d'Elephant, dont la bulle n'a jamais éclaté, Alex va reprendre pied. Il lui faudra certes une médiation, celle du journal télévisé, pour vivre enfin l'événement qu'il n'a mentalement que survolé. Le commentaire sur la mort du gardien de nuit - "coupé en deux" - puis l'image, littéralement gore, qui le redouble lui arrachent un cri de terreur ouvrant les vannes au poids écrasant de sa responsabilité, en même temps qu'il le propulse de plain-pied dans l'existence.
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Entrelaçant des images en Super 8 et en 35 mm signées Christopher Doyle, directeur photo de Psycho et des derniers films de Wong-Kar Wai, Paranoid Park imprègne aussi par la richesse de sa bande-son, semée de musiques très diverses passant des rêveries de Nino Rota aux complaintes folk d'Elliott Smith ou à la pop prometteuse de Menomena.
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Gus Van Sant montre comme personne la solitude de l'adolescent qui s'éloigne des adultes tout en cherchant en vain leur écoute. Un film bref, qui hante longtemps.
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L'errance, la solitude, le mutisme sont les obsessions de ce cinéaste de la sensation, qui s'attache à la grâce adolescente par le mouvement des corps. Gus Van Sant construit un labyrinthe qui ne mène nulle part, avec parfois la pose esthétisante du cinéma de Wong Kar-Waï avec qui il partage le même directeur photo. Mais la douceur vénéneuse de son cinéma en suspension est d'une poésie déchirante.
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Après Elephant ou Last Days, Gus Van Sant nous offre un nouveau portrait de lycéens américains à la dérive. Visuellement le film est, comme les précédents, sublime, mais c’est aussi le problème : on peut lui reprocher de se reposer sur son esthétisme languide. Alors que Larry Clark avec son Wassup Rockers nous offrait une peinture de la communauté des skatteurs, Gus Van Sant se perd entre deux eaux et laisse le spectateur perplexe face à ce qu’il veut vraiment raconter. Angoisse et culpabilité d’un adolescent ? Portrait d’un jeune skatteur ? Dommage, car les images de Christopher Doyle restent gravées sur notre rétine et nous envoûtent pendant 1h30. Casté via MySpace, Gabriel Nevins, rebelle à la gueule d’ange, désarme le public par sa prestation toute en sobriété.