Toutes les critiques de On verra demain

Les critiques de Première

  1. Première
    par Isabelle Danel

    L’ambition de ce premier long métrage de fiction d’un documentariste espagnol est de décrire l’ambiance délétère et chaotique du franquisme dans les
    années 50. Autour du personnage central, opaque, gravitent une multitude de traîtres (qui agissent par peur, par nécessité ou même par perversité). Si le film est confus, il est vrai que le sujet est complexe et que la période de la dictature a rarement été traitée aussi frontalement au cinéma – Carlos Saura avait plutôt manié la métaphore (Anna et les Loups), Manuel Gutiérrez Aragón la fable (Démons dans le jardin), et Guillermo del Toro le fantastique (Le Labyrinthe de Pan). Ici, le choix du réalisme, affirmé dès les premiers plans dans une reconstitution empesée, et les caractères dessinés à gros traits ne parviennent pas à restituer autre chose qu’une violence quotidienne outrageusement fabriquée.

Les critiques de la Presse

  1. Le Monde
    par Jacques Mandelbaum

    On verra demain, de l'Espagnol Francisco Avizanda, qui se confronte au franquisme, comme peu de films espagnols l'ont fait jusqu'à présent, en est un formidable exemple. (...) On verra demain est pourtant un film qui en impose. Il plonge d'abord le spectateur dans une des périodes les plus noires de l'histoire contemporaine espagnole, les années 1950, durant lesquelles la dictature franquiste, constituée en 1939, achève de mettre le pays en coupe réglée, sous la dépendance de l'armée, des services secrets et de l'Eglise. Il montre ensuite une société vitrifiée par la peur de la répression, déchirée par la haine fratricide jusque dans la cellule familiale, et les rapports intimes, gangrenés par la paranoïa et la délation. Il dessine enfin, avec une âpre subtilité, un portrait de femme prise entre l'amour de deux hommes, triangle amoureux de glacis totalitaire, défiguré par l'abjection morale, tel que Rainer Werner Fassbinder aimait à le filmer.

  2. Pariscope
    par Virginie Gaucher

    C’est la première fois qu’est évoquée au cinéma cette Espagne franquiste où la délation et la torture sont institutionnalisées, où l’église ultra catholique est un soutien sans faille du régime fasciste de Franco. Espionne ordinaire parmi d’autres, sans idéologie, Gilda n’espère qu’une amélioration de sa position sociale. La belle et glaçante Carolina Bona prête son « si doux visage », lisse et sans état d’âme, sans âme tout court, à ce personnage à la fois victime et bourreau. L’austérité de la mise en scène sert admirablement cette page d’histoire glaçante et sans romanesque.

  3. Chronic'art
    par Guillaume Loison

    L’intention, archi-louable, donne un film pertinent, souvent juste et fort, mais trop téléguidé pour viser le chef-d’œuvre. Buñuel, qui plane au-dessus de chaque plan en référence vénérée, se montre un poil écrasant, privant l’ensemble d’un mystère propre.