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Difficile, en fait, de ranger Nous trois dans une case. Ce qui est à la fois un défaut et une qualité. A force de ruptures de ton, on ne sait plus très bien où on en est ni où on va. Le fond et la forme ne sont pas toujours en phase. Car, derrière la chronique enfantine et nostalgique avec cols pelles à tarte et couleurs posthippies se cache un vrai drame, celui d'une femme qui se jette dans une passion adultère, au risque de s'y perdre. Le film devient alors une réflexion sur le regard : ce que l'on voit ou pas, ce que l'on aurait pu ou du voir... Il s'achève loin des bases de départ, nous laissant sur un sentiment mitigé.
Toutes les critiques de Nous Trois
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Renaud Bertrand signe avec ce deuxième long métrage un film poétique, un troublant voyage au cœur de la famille, ce nid douillet parfois fait d’épines. Jacques Gamblin est une nouvelle fois magnifique de maladresse et de gaucherie dans le rôle de ce père perdu et lunaire, et Emmanuelle Béart trouve là son plus beau rôle depuis « Une femme française » et « Nelly et Monsieur Arnaud ». Cette histoire d’amour douloureuse et bouleversante, ce « Nous trois », est bien pour nous tous. D’autres jeux interdits que François Truffaut aurait certainement beaucoup aimés.
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Un film vu à la hauteur du regard d'un enfant peut-il être apprécié par des adultes ? C'est la question qu'on se pose quand on pénètre dans l'univers du petit Sébastien, 6 ans, qui nous raconte la vie de sa famille dans la France post-68.
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Le résultat donne l'impression de se trouver dans une transposition du Petit Nicolas, le récent film à succès de Laurent Tirard, dans un milieu bohème des années 1970 : même ton emprunté à l'enfance, même travail sur des décors et des costumes qui jouent à fond la carte du pittoresque et de la nostalgie, même palette d'acteurs français bon clients du petit écran.
La bizarrerie du film, sa qualité si l'on veut, tient à son issue, qu'on ne dévoilera pas, mais qui le déporte soudain du côté de la tragédie. Rétrospectivement elle projette sur l'atmosphère acidulée de l'ensemble un voile d'étrangeté qui met mal à l'aise. -
(...) sans être un incontournable, Nous trois remplit en grande partie son contrat grâce à l’impeccable contribution de comédiens que l’on a toujours plaisir à retrouver. Il manque toutefois au cinéaste une approche plus singulière pour pouvoir se démarquer du tout-venant.
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Ça a tout l'air d'une comédie - c'en est une, d'ailleurs, par moments - mais tout, peu à peu, devient douloureux, cruel. Jusqu'au dénouement, presque cynique dans son évidence, son absence de sentimentalisme à bon marché. Renaud Bertrand saisit les conséquences des passions adultes sur un enfant qui, à ses risques et périls, accepte d'en être l'otage. Il filme un conte cruel qui s'avancerait masqué...
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Quel étrange film que ce drame kitsch, étalé sur la plaque d'une comédie comme une pâte à madeleine de Proust. Sensible, onirique et décalée, cette oeuvre à l'humour en demi-teinte trouve toute sa couleur dans les grands yeux noirs d'un enfant désenchanté.
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Avec "Nous trois", Renaud Bertrand signe une comédie nostalgique et désespérée sur l’imaginaire des enfants, la mémoire et l’aveuglement des grands. Et offre à Emmanuelle Béart un rôle proche de celui qu’elle tenait dans "Une femme française", de Régis Wargnier. Tout n’est pas réussi, mais, entre les scènes comiques, quelque chose de sec et de tragique émeut à mi-parcours.
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Ce Nous trois ressemble à l’infernal Petit Nicolas, en “moins pire” car il évoque des situations relativement plausibles. En particulier l’adultère qui en constitue l’enjeu dramatique. Cela n’empêche pas son éclaboussante obscénité décorative, allant des cols pelle à tarte de Jacques Gamblin à l’agressif papier peint cinétique, de disqualifier le peu d’humanité qu’on y entrevoit – cf. le personnage borderline d’Emmanuelle Béart, unique intérêt du film.
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Pour une chronique censément généreuse et obstinément guillerette (la voisine cocue, en mode positive attitude), ça la fout assez mal. La truculence tambourinée à coups de réussite au bac (« j'ai eu mention très bien »), de toasts chez les voisins et de départs en vacances ? De la reconstitution sitcomesque, plus sinistre encore qu'une pause bisous chez Chouraqui. Même le point de vue enfantin, raison d'être du film, se révèle très vite un gros boulet théorique qui massacre le moindre balbutiement d'émotion. Il faut dire que le moutard, accroché au couple Béart-Accorsi comme un caniche tirant sur sa laisse, en est réduit à jouer les petits commentateurs niaiseux, condamné à lire sa partition de petit singe savant. Voilà qui symbolise à la perfection le malentendu du film, petite chose faussement simple et limpide, pétrie d'arrogance de chefaillon coquet, qui transforme chaque bouffée inspiration en navrante maxime de magazine féminin.