-
Au rythme des bouffes, omniprésentes comme dans Still Walking et génératrices de sensations et de souvenirs proustiens, se dessine une cartographie familiale complexe, qui laissait espérer LE grand film cathartique de la compétition. Au lieu de ça, Kore-Eda ressasse ses motifs (retenue maximale, bienveillance apparente des personnages, non-dits insidieux) avec une application d'artisan sûr de ses effets. Le résultat frustre plus qu'il ne convainc : pas de scènes franchement marquantes ni de performances incroyables (la grand-tante jouée par l'inénarrable Kirin Kiki vole les trois-quatre scènes où elle apparaît, c'est dire).
Tout du long, on a comme l'impression d'une promesse de film jamais tenue. Dans certaines scènes, on y croit même fort. La traversée en vélo d'une allée de cerisiers dénote une poésie qui manque cruellement à l'histoire, désespérément littérale. Une confrontation pleine de cruauté entre les trois premières filles et leur mère accouche d'un minuscule séisme émotionnel, sitôt vu, sitôt oublié. A force de privilégier les creux, Kore Eda finit par s'y enfoncer. Doucement, l'air de rien.
Toutes les critiques de Notre petite soeur
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
-
Cette simplicité n’est que d’apparence : chaque situation est mise en scène avec une grâce infinie.
-
Il y a, dans "Notre petite sœur", des plans à enseigner dans les écoles de cinéma.(...)Voilà bien le plus élégant des films de Kore-eda. Elégance des actrices, des sentiments, de la mise en scène.
-
Ce qui frappe chez Kore-eda, c’est la richesse de son monde, sa capacité à tendre des fils entre les personnages principaux, qu’il n’évacue jamais du plan, et d’autres plus secondaires, qui surgissent fugacement.
-
Particulièrement doux et lumineux, parcouru d’un humour tendre et quotidien, "Notre petite soeur" est davantage un film de réconciliation que de dispute, de résilience que de souffrance, de souvenirs que de regrets. (...) Autant de grâce et de délicatesse dans la sophistication tient du miracle.
-
Dialogues justes, mise en scène retenue, image lumineuse. Un grand film délicat.
-
Avec les volutes de chacun des plats, ce sont des souvenirs qui resurgissent. Et que l’on partage cette fois de la façon la plus délicate qu’il soit.
-
On traite rarement aussi bien de la légèreté sur un ton grave et vice versa.
-
Kore-eda met en réalité en scène un groupe de femmes où les hommes ne sont que des silhouettes lointaines, des présences importantes mais non nécessaires, et pour tout dire le résultat est assez magnifique.
-
Notre petite sœur pourrait durer éternellement : sa légèreté, sa justesse de ton, la sensation d’élégance féminine qui émane de chacune de ses scènes en font un objet toujours susceptible de fleurir et raconter d’autres histoires qui nous conquerraient certainement tout autant (...)
-
(...) un film pudique, subtil, et dur.
-
Le scénario se limite au minimum pour mieux montrer la vie qui passe, la mémoire qui s'apaise, les cerisiers en fleurs, les dégustations de maquereaux marinés et les cuites à l'alcool de prune.
-
(...) une histoire de femmes relatée à main douce, superbement interprétées.
-
On pourra allègrement reprocher à l’ensemble de pâtir d’un certain manque de rythme ou de véritables prises de risque. Il n’empêche : contrairement aux apparences, le film échappe à tout schématisme, le tout avec humour.
-
Dans un hommage subtil à Ozu, il met en scène des actrices magnifiques et fait assurément œuvre de maturité.
-
Un film magnifique sur les non-dits (...) Un bijou, on vous dit !
-
Quelques touches d'humour et de d'épicurisme local, quelques notes tragiques : le cinéaste maintient l'équilibre mais le résultat est souvent lisse. Il y avait de la cruauté et de l'effroi dans ses meilleurs films. Cette fois, il y a surtout de la tendresse. Trop. Elle a moins de valeur.
-
Les actrices sont superbes, et superbement filmées, rien à dire, (...) mais on sombre plusieurs fois dans la torpeur des bons sentiments et l’émollience de notes de piano d’ascenseur insupportables. C’est cutie, trop cutie, mignon, trop mignon.
-
"Notre petite sœur" s’apparente à un psychodrame familial qui serait étrangement débarrassé de tout accès de violence, où tout serait livré à des sentiments souterrains et presque inexprimés.
-
Kore-eda frôle parfois la mièvrerie, en rajoute dans la joliesse (...) C’est parfois limite, un peu appuyé par effet de contraste avec les scènes qui content la mort et les rites bouddhistes. Mais il faudrait avoir un cœur de pierre pour ne pas reconnaître une révélation dans le doux visage de la toute jeune Suzu Hirose.
-
Certes, dans un monde aussi cynique que le nôtre, quelques séquences et répliques pourront paraître un brin bisounours mais la tendresse qui se dégage de l’ensemble emporte la mise.
-
Un joli film, très tendre et touchant, mais, comme beaucoup, un peu long.
-
Le mélo larmoyant relayé par piano et violon est à la fois contredit par l’élan vital de ses jeunes comédiennes (exquises Aruka Ayase et Suzu Hirose) et tempéré par des décrochages, heurts et autres séquences d’abandon alcoolisé entre frangines.
-
À qui choisira d’y voir une utopie familiale, "Notre petite soeur" pourra ainsi faire figure de sommet dans l’œuvre de Kore-eda. Au risque, non négligeable, que le film ne résiste pas à une seconde vision : la frontière est parfois mince entre aimable mièvrerie et éloge de la bienveillance.
-
Ici, la tendresse qui domine sans partage vire à la mièvrerie.
-
C’est aussi passionnant qu’un épisode de télénovela, sauf que ça dure plus de deux heures. Kore-Eda signe des films souvent trop longs et mal fichus. On ne l’avait jamais connu aussi lénifiant.
-
La caméra glisse mollement autour des acteurs comme si elle craignait de déranger. Un film mignon tout plein. Mais tout plein de vide.
-
Les raccords manqués, à-coups musicaux et visuels involontaires, mettent en lumière la platitude de l’ensemble : elles sont les seules ruptures de ton d’un film trop propret et sage pour convaincre, dont le mariage d’un cœur amer et d’un enrobage sucré accouche d’un tout paradoxalement sans saveur.