Toutes les critiques de Nostalgie de la lumière

Les critiques de Première

  1. Première
    par Gael Golhen

    À travers des témoignages bouleversants, Guzmán fait résonner la quête étoilée des astronomes et les fouilles désespérées des épouses des victimes, donnant à la traque obsessionnelle de ces femmes une dimension cosmique. Sa mise en scène virtuose, qui superpose plans du ciel, du désert et interviews, réussit à mettre en équation la place de l’homme dans l’univers et le devoir de mémoire. Stupéfiante rêverie politico-poétique, Nostalgie de la lumière porte le soleil noir d’une mélancolie dont on ne croyait plus le cinéma capable.

Les critiques de la Presse

  1. Positif
    par Fabien Gaffez

    Nostalgie de la lumière est sans conteste l'un des plus beaux films vus au Festival de Cannes. (...) Erudit funambule, Patricio Guzman entrecroise savamment les témoignages historiques, les incises scientifiques et les ressouvenirs nostalgiques.

  2. Le Monde
    par Jacques Mandelbaum

    Agé de 69 ans, il signe aujourd'hui avec Nostalgie de la lumière un film totalement inattendu, qui contourne le genre pour mieux le mener vers des sommets de poésie. Ce film n'est pas seulement le chef-d'oeuvre de Guzman, il est un des plus beaux essais cinématographiques qu'on a vus depuis longtemps. Son canevas, complexe, est tissé avec la plus grande simplicité. Trois niveaux s'y enchevêtrent : des considérations sur la recherche astronomique, une archéologie des fondations indiennes et une mémoire de la dictature. (...) Il aura fallu à Patricio Guzman quarante ans de lutte pied à pied, de mémoire à vif et de souffrance intime, pour aboutir à cette oeuvre d'une sérénité cosmique, d'une lumineuse intelligence, d'une sensibilité à faire fendre les pierres. A un tel niveau, le film devient davantage qu'un film. Une folle accolade au genre humain, un chant stellaire pour les morts, une leçon de vie. Silence et respect.

  3. Chronic'art
    par Guillaume Loison

    Même le climat conservateur d'Atacama n'y fait rien. On trouve plus facilement des cadavres d'ouvriers du XIXe siècle que ceux des opposants morts cent ans plus tard. Et si les camps de concentration de Pinochet ont recyclé les bâtiments désaffectés de la révolution industrielle, on ne trouve aujourd'hui dans les placards que les registres de comptabilité des mines de salpêtre, mais pas le moindre vestige de la torture. Une très belle scène montre un rescapé reproduisant sur le papier l'architecture d'un camp, à partir de sa seule mémoire : le nombre de pas comptés du dortoir au réfectoire, le périmètre de chaque pièce, etc. Le témoignage est d'autant plus crucial qu'il incarne le seul acte de résistance possible, l'homme confiant qu'il dessinait chaque jour de sa détention les parcelles du plan pour les effacer dans la foulée, avant la fouille quotidienne de sa cellule. C'est néanmoins le seul personnage du film à avoir été visuellement confronté à la barbarie. Les autres personnages, jeunes gens, veuves, souffrent de l'exact contraire, tous affectés par la cruelle invisibilité du régime (disparition, rapt, exil), privés de regards et de matières, trou noir béant que le film entreprend d'éclairer.

  4. L'Express
    par Julien Welter

    Avec douceur et sensibilité, le réalisateur est allé à la rencontre de ceux qui ont la tête dans les étoiles et qui n'ont jamais vécu cette terrible époque, et de celles qui ont les pieds sur terre et qui ne peuvent plus oublier ces années noires. Ensemble, ils parlent de la mémoire, de sa force et des plaies qu'elle empêche de se refermer. Porté par un regard métaphysique, et malgré quelques longueurs, Nostalgie de la lumière se pose en piqûre de rappel, en vertige cosmogonique et en documentaire très émouvant. Tout ça à la fois, oui.

  5. 20 Minutes
    par Caroline Vié

    L'infini et l'infime se télescopent dans Nostalgie de la lumière, documentaire de Patricio Guzmán.
    Le réalisateur du Cas Pinochet fait naître une émotion palpable en comparant les recherches des astronomes chiliens à celles de femmes dont les proches se sont volatilisés pendant le coup d'Etat de 1973. La beauté des images, alliée à la sincérité des témoignages, confère une force étonnante à cette fresque qui révèle les plaies d'un pays marqué par son histoire et sa géographie. La tête dans les étoiles et les pieds sur la terre, le film de Patricio Guzmán réfléchit la lumière naissant d'un indispensable travail de mémoire.

  6. Télérama
    par Juliette Bénabent

    Avec très peu d'images d'archives, le cinéaste approfondit son sujet avec un astronome, un archéologue et un ancien prisonnier politique qui revient sur les lieux de sa détention, dans le désert, pour raconter - séquence passionnante - l'évasion onirique que lui offrait la contemplation des astres. Il filme, surtout, des femmes, mères, épouses, soeurs de disparus, dont la quête dérisoire et essentielle le bouleverse. « En pleurant les morts, en continuant de les chercher, elles entretiennent la mémoire, elles nous empêchent d'oublier. » A sa manière, à la fois intellectuelle, poétique et politique, Patricio Guzmán leur rend, à elles et à leurs disparus, un magnifique hommage.

  7. Pariscope
    par Virginie Gaucher

    La mémoire est le fil rouge de l’œuvre du documentariste Patricio Guzman. Avec une intelligence rare, une sensibilité pleine de dignité, Patricio Guzman redit l’innocence à jamais perdue du Chili après la noble aventure que fut la république Allende, et réaffirme la nécessité du devoir de mémoire.Quel hommage plus émouvant aux disparus que de les associer, avec une infinie poésie, à ces étoiles qui possèdent le même calcium que les os humains ?

  8. A voir à lire
    par Gérard Crespo

    Documentaire rigoureux sur l’astronomie mais aussi les crimes politiques en Argentine.

  9. Nouvel Obs
    par Jean-Philippe Guerand

    Son film est donc en quelque sorte un regard vertical sur un pays en quête de sa propre mémoire auquel le récent sauvetage des mineurs de San José est venu apporter un écho singulier. La force du regard que porte Guzmán sur ce paradoxe tient à sa poésie pascalienne. Car si « le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie », c’est ici par ce qu’il recèle de douleurs enfouies et de travail de deuil inabouti.