Toutes les critiques de No Other Land

Les critiques de Première

  1. Première
    par Thomas Baurez

    « Vous qui entrez, laissez toute espérance... » Face aux humiliations que subissent les cisjordaniens par une armée israélienne dépourvue d’âme et des colons surexcités, difficile de croire en quelque chose. Depuis plusieurs années sous couvert d’un projet de lieu d’entraînement militaire, les Israéliens rasent les habitations de la communauté palestinienne de Masafer Yatta installée dans une majestueuse région montagneuse au sud de la Cisjordanie. Des expropriations violentes et expéditives qui défient les lois de l’humanité. L’intention secrète de Netanyahou serait, en réalité, de faire en sorte que les paysans locaux ne s’étalent trop aisément sur cette terre. Ce documentaire militant est réalisé par deux Palestiniens et deux Israéliens. Cette parité revendiquée est censée éviter tous procès d’intention. Et de fait, il y aurait lieu de s’interroger puisque le point de vue du film est uniquement tourné du côté des victimes. Et le film de prendre l’allure d’un néo-Rio Bravo, où les agresseurs sont des présences quasi fantomatiques perpétuellement menaçantes. Au centre du cadre, Basel Adra, jeune habitant de Masafer Yatta, armé de son seul téléphone documente en quasi direct cette violence, à ses côtés, Yuval Abraham, journaliste d’investigation israélien scandalisé par les agissements de son pays. L’humanité se loge précisément à cet endroit, dans ce dialogue ininterrompu et sage entre deux amis qu’un apartheid tente de séparer. No Other Land a reçu le Prix du meilleur documentaire à la dernière Berlinale.