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Paul, employé sur une plateforme téléphonique, n’en peut plus de son boulot, de sa famille, de sa vie... Un vendredi 13, il prend son vélo et grimpe en montagne, avec l’intention d’en finir. Une fois de l’autre côté, il commente l’existence qu’il a vécue... Pour rendre attractif leur sixième film, qui traite frontalement du suicide, Kervern et Delépine avaient besoin d’un argument de poids. Ils l’ont plus que trouvé en engageant dans le rôle principal le poète et écrivain Michel Houellebecq, qui se révèle un acteur d’exception. Il exploite les caractéristiques les plus frappantes de son visage. Sa peau, jaunie et tendue par le tabagisme, souligne des traits aux formes singulières, tandis que des tics faciaux ont sculpté une grimace amère qu’amplifie une lippe protubérante. Le tout suggère, sans doute de façon volontaire, sa ressemblance avec Céline. Grâce à cette tronche qui assure à elle seule un spectacle fascinant, Houellebecq délivre une série de monologues désabusés, souvent drôles, et bizarrement sereins. Servi par une image délibérément low cost, ce one-man-show existentialiste possède une force extraordinaire.
Toutes les critiques de Near Death Experience
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Existentiel jusqu’à la nausée, ensoleillé par un humour noir (...), "Near Death Experience" (Expérience de mort imminente) est, c’est le cas de le dire, une expérience extrême. Extrêmement vivante, même !
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C'est étrangement prenant et ça ne ressemble à rien que l'on ait déjà vu. Ah oui, il faut le dire aussi, c'est drôle, c'est même très drôle.
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Le parti pris formel minimaliste, dont le film tire sa singularité, ne suscite jamais (ou presque) l'ennui tant les pensées du suicidaire sur la mort, la vieillesse et la virilité amènent à la réflexion. "Near Death Experience" ressemble à un poème funèbre auquel les zozos grolandais injectent par instants une dinguerie burlesque. On y perçoit cette neurasthénie chevillée à l'âme, chère au génie littéraire, ainsi que cette volonté de grandir les faibles et les minables.
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Kevern et Delépine travaillent, comme à l'accoutumée, une mise en scène minimaliste. De cet arte povera revendiqué, ils tirent une grande poésie, drôle et désespérée, en totale harmonie avec l'univers littéraire de Houellebecq, qui poursuit sa carrière au cinéma.
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Michel Houellebecq, dans son premier grand rôle de cinéma, s'accorde idéalement au burlesque crépusculaire des deux réalisateurs, à leur lyrisme mal soigné, plein de taches d'ironie et de miettes de tendresse. Avec son air de vieux gamin déglingué, mais un corps et des gestes qui ont le sens de la discipline, l'écrivain-comédien transmet avec justesse la part d'enfance qui reste sous la banalité morne des grandes personnes.
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Un léger ennui plane sur l’ensemble mais pas désagréable. Le film pourrait être une émission de radio, car la voix de Houellebecq, off, parle et parle encore avec cette musicalité fluette si particulière. Parfois, il dit des horreurs sur notre sort avec le même détachement modulé que celui de François Lebrun dans "La Maman et la Putain", déployant en vaguelettes son mantra bullshit : «N’ayez pas peur du bonheur, il n’existe pas.»
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"Near Death Experience" va au-delà du rire. Paul n’est pas sympathique. Le film joue constamment sur le fil ténu entre la compassion du spectateur à l’égard de ce type malade (sans doute atteint d’un cancer du poumon), et l’identification avec sa misanthropie : oui, nous vivons dans un monde absolument horrible qui ne donne plus sa chance qu’à ceux qui n’en ont pas besoin : les forts.
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On oscille entre l'absurde et la provoc, mais quelle poésie !
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Notre antihéros se livre à toutes sortes de pitreries gratuites et désespérées comme un gamin saute dans les flaques. Voulait-il voir sa fin ? Il la frôle, la contourne, lui fait des bisous, agite la muleta, jamais à l'abri d'un coup de corne. Bref, il joue de façon très vivante à faire le mort.
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Du point de vue des auteurs cinéastes, c'est presque un manifeste d'anticinéma, de l'expérimental moche, à contre-courant de "Gerry", de Gus Van Sant, auquel on pense forcément. Ce serait risible si la dépression cafardeuse et la fatigue de vivre ne parvenaient pas, malgré tout, à suinter de manière si inédite. On regrette d'ailleurs que la part grotesque, pas toujours bien dosée, flirte parfois avec une forme d'humour beauf, bêtement provocateur, qui dessert le film. (...) Comment expliquer sinon que ce film exutoire nous libère d'on ne sait trop quoi (du cinéma français si conformiste ? de notre vie ?) en nous apportant une étrange paix, fût-elle celle du désespoir ?
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Le monde est triste, l'image est moche, le film, shooté au camescope pourri, pas loin d'être une arnaque. Pas grave : un corps burlesque est né.
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Ce moment d'égarement de Benoît Delépine et Gustave Kervern où l'écrivain Michel Houellebecq soliloque dans la pinède marseillaise est vain et ennuyeux.
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Houellebecq, quasiment seul à l’écran pendant tout le film, sa clope, son regard, son jeu juste certes, son texte pas idiot, ses mollets, son tee-shirt sponsorisé, son vélo… ça passe ou ça casse.